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07 décembre 2017

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

Les soins et les relations de travail sous enquête au Pavillon Duhamel

Le Protecteur du citoyen a été avisé

©TC Media - Lucie Charest

Au CHSLD Pavillon Duhamel de Ville-Marie, un climat de travail questionnable et des soins dispensés à deux vitesses, dont les répercussions frôleraient la maltraitance, ont récemment été signalés au Syndicat des employés et au Protecteur du citoyen. Notre journaliste s’est penchée sur ce dossier, dont les échos sèment l’inquiétude.

Des enquêteurs se seraient rendus au CHSLD Pavillon Duhamel à Ville-Marie vers le milieu de la semaine du 20 novembre. Cette information obtenue d’une source crédible ne peut toutefois être confirmée par le Protecteur du citoyen ou la Commissaire aux plaintes du CISSSAT, qui n’infirment ni ne confirment les enquêtes en cours.
Selon plusieurs employés, ex-employés ou personnes dont un parent est hébergé au Pavillon Duhamel, qui ont accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat, des personnes hébergées et des employés ne recevraient pas un traitement équitable de la part de la direction.
Ces personnes avec qui nous nous sommes entretenus ont corroboré des cas où une dame souffrant de diarrhée aurait demandé à être accompagnée aux toilettes sans qu’on acquiesce à sa demande. Elle se serait vidée du contenu de ses intestins dans son Lazy Boy, qui aurait par la suite été jeté aux ordures.
Le cas d’un résident qui aurait attaqué une résidente, tentant de l’étouffer avec son oreiller, nous a aussi été rapporté. De nombreux cas de rougeurs aux organes génitaux auraient également été recensés, de même que des chaises d’aisance partagées entre plusieurs résidents.

Il n’y a personne qui se lève le matin en se disant aujourd’hui, je maltraite un aîné. Ce n’est pas comme ça que ça se passe. Par contre, il y a des employés qui sont surchargés, il y a des horaires de travail qui ne concordent pas avec les besoins des résidents. -Pierre Blain

Soins dispensés à deux vitesses
«Nous sommes supposés donner des soins à six patients chacun. Souvent, des employés qui sont en bons termes avec la direction n’en font que trois et les autres sont relégués aux autres préposés. C’est encore pire quand il y en a qui ne rentrent pas au travail, s’est désolé un ex-employé.
«Il y a des préposés qui textent pendant qu’ils font manger un patient. Si on en parle à la direction, on risque d’avoir une menace de sanction ou même une sanction, sous prétexte qu’on ne respecte pas la hiérarchie en évaluant le travail de nos collègues», a-t-il ajouté.
Autre son de cloche
Il est important de noter ici que ces témoignages contrastent nettement avec ceux de personnes qui visitent leur parent hébergé de deux à trois fois par semaine. «Maman est toujours propre et bien mise. Nous n’avons rien à dire sur les soins qu’elle reçoit, au contraire. D’ailleurs, vous remarquerez que souvent, dans les avis de décès ou les remerciements qui suivent, les familles remercient le personnel du CHSLD pour les bons soins dispensés à leur parent ou conjoint», a confié une dame dont d’autres membres de sa famille et elle-même alternent leurs visites depuis que leur mère est en CHSLD. «Mais il arrive aussi que nous passions devant des chambres qui sentent mauvais, que nous rencontrions des résidents qui ont l’air pas mal négligés», a-t-elle poursuivi.
Démontrer que des pratiques de soins à deux vitesses pour les personnes hébergées ont cours ne relève pas d’un premier regard. Par contre, ceux qui ne reçoivent jamais de visite demeureraient parmi les plus vulnérables. Selon Pierre Blain, directeur général du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU), dans un milieu où tout le monde se connaît, il arrive que des personnes avertissent les préposés de prendre soin correctement de leur parent, qu’ils les ont à l’œil. «Les cas les plus pathétiques seraient ceux qui relèvent du Curateur public, a-t-il rajouté. Entre 3000 et 5000 aînés sont représentés par le Curateur au Québec et il ne peut leur consacrer chacun que quelques heures par année.»

Attention aux perceptions
Il faudrait toutefois faire preuve de la plus grande prudence lorsqu’on observe ce qui se passe dans les CHSLD, selon M. Blain. «Quand les gens arrivent en CHSLD, plus personne de leur famille ou de leurs proches n’a la capacité d’en prendre soin au quotidien, a-t-il rappelé. Ils sont en perte d’autonomie, ils ont besoin de soins, ils peuvent être incontinents, atteints de démence, le CHSLD sera leur dernière demeure.»
Pour lui, les cas de maltraitance ou d’apparence de maltraitance relèveraient davantage d’une mauvaise compréhension des consignes ou d’une mauvaise organisation du travail que d’une intention de la part de la personne qui dispense les soins.
«Il n’y a personne qui se lève le matin en se disant aujourd’hui, je maltraite un aîné. Ce n’est pas comme ça que ça se passe, a-t-il mis en relief. Par contre, il y a des employés qui sont surchargés, il y a des horaires de travail qui ne concordent pas avec les besoins des résidents.»
L’exemple le plus frappant récemment révélé avait trait aux couches. Tout un chacun a entendu parler de ces couches qui devaient être pleines à 85 % avant d’être changées. «Il s’agissait d’une mauvaise interprétation, a précisé M. Blain. La couche en question avait une capacité d’absorption de 85 % de liquide, pas de solide. Il arrive dans certains cas qu’un préposé à qui on donne 10 couches le matin, lorsqu’il commence sa journée, ait l’impression qu’il doit en faire une gestion très serrée, alors que son supérieur immédiat aurait omis d’indiquer que s’il a besoin de couches supplémentaires, il peut en prendre d’autres. Ce type de situations peut créer des malentendus, mais aussi de grands stress chez les employés.»

©Depositphotos

Selon plusieurs sources, les soins et le traitement du personnel se seraient pas toujours équitables.

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