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31 mai 2017

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Troisième condamnation de violence conjugale en sept mois

Vétéran de Bosnie, Martin Cloutier devra traiter son trouble de stress post-traumatique

©Photo tirée de Facebook

Coupable pour la troisième fois en sept moins de violence conjugale envers son ex-conjointe, un vétéran de la guerre de Bosnie devra, en plus de passer les huit prochains mois en prison, entreprendre des démarches sérieuses pour soigner un trouble de stress post-traumatique.

Le 31 mai au Palais de justice de Rouyn-Noranda, Cloutier a reconnu sa culpabilité à cinq chefs d’accusation répartis dans trois dossiers différents. Le premier était lié à un événement survenu le 14 mars 2017. «Alors que Monsieur avait l’interdiction d’entrer en contact avec la victime, cette dernière a rapporté aux policiers avoir reçu une demande de l’accusé sur Instagram avec le texte "I’m watching"», a indiqué la procureure de la Couronne, Me Mélissa Plante.

Je peux comprendre que vous avez vécu dans l’armée des choses que personne ici n’a vécues, mais cela ne justifie en rien vos gestes -La juge Marie-Claude Bélanger

Prêt à s’occuper de son cas

Le deuxième dossier fait état de deux événements distincts. Le 24 mars 2017, alors qu’il était en détention préventive, Cloutier avait contacté sa fille majeure (dont la victime n’est pas la mère) pour lui demander de se rendre chez son ex-conjointe afin de reprendre la carte bancaire qui lui appartenait et d’en retirer tous les fonds. Cette dernière a refusé. Dans les jours qui ont suivi, elle s’est mise à recevoir plusieurs textos et messages Facebook d’un inconnu qui lui disait qu’il viendrait chercher l’argent de son père.

«Madame a donc contacté les policiers pour leur dire qu’elle avait peur pour elle et pour l’ex-conjointe de l’accusé, a mentionné Me Plante. Elle leur a alors raconté que, de sa première condamnation, le 24 octobre 2016, jusqu’à sa deuxième arrestation, le 16 décembre, son père, chez qui elle vivait, avait multiplié les menaces. Par exemple, il disait qu’il brûlerait la maison de son ex-conjointe, qu’il payerait quelqu’un pour s’occuper de son cas ou qu’il s’en chargerait lui-même et qu’il la bumperait s’il la croisait dans la rue.»

Contacts indirects

Le troisième dossier a eu lieu à la fin d’avril 2017. Pendant qu’il était en détention préventive à Amos et qu’il lui était interdit de contacter directement ou indirectement sa fille, Cloutier a contacté à deux reprises la tante de celle-ci pour lui demander d’entrer en contact avec elle afin de l’inciter à cesser de collaborer avec les policiers.

Un véritable calvaire

Appelée à témoigner, l’ex-conjointe de Cloutier a raconté vivre un véritable calvaire depuis la fin de leur relation, il y a environ un an.

«J’ai enduré du harcèlement psychologique et sexuel pendant près de neuf mois. J’ai attendu jusqu’à perdre le contrôle. Dès sa première condamnation, il n’avait pas le droit de me contacter, mais il a parlé à toute ma famille et à mon entourage pour me calomnier. Même ma famille a commencé à douter de moi», a-t-elle relaté.

À présent, la victime soutient évoluer dans un climat d’intense anxiété. «Je me sens en sécurité juste lorsqu’il est en prison, a-t-elle signalé. Mes portes et mes fenêtres sont barrées en tout temps. J’ai peur de me promener seule et de laisser mes enfants adolescents seuls à la maison. Je me méfie de toutes les voitures, de crainte de tomber sur lui. Je dois maintenant avoir un suivi psychologique, je prends des médicaments pour dormir et je commence même à avoir un problème d’alcool. J’ai juste hâte que ça finisse.»

Sa mère se porte à sa défense

La mère de Cloutier tenait elle aussi à se faire entendre de la juge Marie-Claude Bélanger. Elle a soutenu que son fils avait toujours eu un très bon équilibre mental parce qu’il recevait les soins appropriés, mais qu’il avait commencé à dériver après avoir fait la rencontre de la victime.

«Dès que Madame est entrée dans sa vie, l’alcool est entré dans la maison. À présent, les deux enfants de mon fils doivent avoir un suivi psychologique à cause d’une série d’événements dont Madame est la cause», a-t-elle lancé.

«Là, vous dites que c’est la faute de quelqu’un d’autre pour les gestes dont votre fils a reconnu sa culpabilité, l’a interrompu la juge. Mais votre fils, lui, il va comment?» «Grâce à la médication, il va de mieux en mieux. Mais l’été dernier, il a tenté de se suicider à deux reprises», a répondu la mère de Cloutier.

Trouble de stress post-traumatique

L’avocat de Cloutier, Me Claude Bédard, a rappelé que son client, un ancien militaire, avait passé sept mois en Bosnie, en pleine zone de combat. «Il dormait peu et devait être constamment sur le qui-vive. Il s’est même fait tirer dessus, mais avait été protégé par une couverture pare-balles. Il souffre depuis d’un trouble de stress post-traumatique. Cela ne justifie pas ses gestes, mais cela permet de les mettre en contexte», a-t-il fait valoir.

Neuf mois de prison vs une libération

Considérant le fait que Cloutier en était à sa troisième condamnation en sept mois pour des gestes de violence conjugale envers la même victime, la Couronne a réclamé une peine totalisant neuf mois de détention. «Monsieur est obsédé par la victime. Malgré les sentences, il continue ses agissements. Il doit comprendre que ce n’est pas lui, la victime, et qu’il doit respecter les ordonnances de la Cour», a expliqué Me Mélissa Plante.

Me Bédard a signalé que pendant sa période de détention à Amos, Cloutier s’était fait rajuster sa médication, que depuis, il allait mieux, et qu’il avait amorcé des démarches auprès d’un psychiatre. «Mon client vit encore un certain déséquilibre, mais il pourrait être traité grâce au support du psychiatre et de sa famille. Ce n’est certainement pas en prison qu’il va recevoir les soins appropriés», a-t-il fait observer.

Il a donc proposé à la juge Bélanger de considérer le temps passé en détention préventive, soit l’équivalent de 117 jours à titre préventif, et de libérer Cloutier, tout en lui imposant de sévères restrictions par rapport aux deux victimes.

Pas vraiment confiance

La juge Marie-Claude Bélanger a plutôt choisi d’imposer à Cloutier une sentence de 360 jours de détention, desquels allaient être soustraits les jours de détention préventive, pour un total de huit mois et trois jours à passer derrière les barreaux. À sa sortie de prison, Cloutier sera soumis à une probation surveillée de trois ans durant laquelle il lui sera interdit d’entrer en contact avec son ex-conjointe ou de s’approcher à moins de 100 mètres d’elle.

«Le fait de préciser "I’m watching" dans un de vos messages était un geste délibéré pour rappeler à la victime que vous étiez là et créer chez elle de l’inquiétude. Et vous l’avez vu dans son témoignage, ça a marché. Vous n’avez pas su lâcher prise à la fin de votre relation, et je ne suis pas sûre que vous en serez capable cette fois-ci. À deux reprises, vous avez été condamné, à deux reprises, vous deviez respecter des conditions et à deux reprises, vous en avez fait fi. Je ne suis donc pas convaincue de pouvoir vous faire confiance», a-t-elle sermonné.

Victimisation

La juge a également cité un rapport de probation peu favorable à l’accusé. «Vous ne reconnaissez pas votre problème d’agressivité, vous faites preuve de victimisation, vous présentez un risque élevé de récidive de violence conjugale et vous prétextez votre passé de militaire pour expliquer vos gestes. Certes, je peux comprendre que vous avez vécu dans l’armée des choses que personne ici n’a vécues, mais cela ne justifie en rien vos gestes», a-t-elle insisté.

En plus de sa sentence de prison, la juge Bélanger a aussi interdit à Cloutier de faire référence à son ex-conjointe sur les réseaux sociaux. Il devra également consulter un professionnel en santé mentale, suivre toutes ses directives et entreprendre avec lui des démarches auprès de l’Hôpital des vétérans Sainte-Anne-de-Bellevue.

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