05 juin 2017

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

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©Agnico Eagle

Il s’agit de la conclusion la plus surprenante que révèle le rapport de près de 160 pages déposé par le BAPE sur ce projet de mine d’or et de cuivre qu’Agnico Eagle souhaite développer à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Val-d’Or, le long du chemin du Lac-Sabourin.

Chemin problématique

Au départ, Agnico Eagle prévoyait en effet construire un chemin pour acheminer le minerai d’Akasaba Ouest vers la mine Goldex, située à l’ouest de Val-d’Or. À présent, elle envisage plutôt partager le chemin qu’Eacom a été autorisée à construire par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs pour ses opérations forestières. Or, ce chemin doit passer dans une des zones tampons situées au nord de la Réserve de biodiversité des Caribous-de-Val-d’Or. Ce secteur est notamment utilisé par les bêtes pour la mise bas et pour l’alimentation en hiver.

«La double utilisation de ce chemin aggraverait l’effet de barrière et de fragmentation du territoire dans une zone pourtant destinée à mieux contrôler, voire à réduire les impacts de la présence humaine sur cette espèce vulnérable», a fait valoir le BAPE.

Nouveau tracé et habitats améliorés

Cependant, si Agnico Eagle et Eacom acceptaient de déplacer la portion ouest du tracé pour l’éloigner le plus possible des aires fréquentées par le caribou forestier, cela améliorerait sensiblement une situation qui, sous sa forme actuelle, risque au contraire de précariser encore plus l’état de la harde de Val-d’Or, qui ne compte déjà plus qu’une quinzaine de têtes.

«Si cette condition devait se matérialiser et qu’elle était jumelée à une compensation sous forme d’habitats améliorés couvrant une surface équivalente à la zone qui sera perturbée par Akasaba Ouest, nous estimons que ces deux mesures justifieraient alors l’autorisation du projet minier», a indiqué le BAPE.

Étude de viabilité pour les caribous

Dans son rapport, le BAPE recommande par ailleurs que le gouvernement réalise une étude de viabilité de la harde des caribous forestiers de Val-d’Or avant de conclure que celle-ci n’a aucune chance de survie dans son milieu naturel.

Rappelons que le 21 avril, invoquant des motifs de survie, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, avait convenu de capturer les bêtes pour les déménager au Zoo de Saint-Félicien, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à l’hiver 2018. Le BAPE croit quant à lui qu’en réduisant au minimum les activités humaines dans le secteur, à l’aide d’une sérieuse mobilisation de la population et des industriels, la harde de Val-d’Or serait en mesure de se consolider et d’absorber le projet Akasaba Ouest. Un projet dont il qualifie d’ailleurs les impacts de limités.

L’Action boréale a pour sa part lancé une campagne médiatique destinée à maintenir les caribous forestiers dans leur habitat naturel. En plus d’avoir envoyé des lettres de protestation, le groupe écologiste a également initié une pétition qui a déjà récolté plus de 15 000 signatures. À la suite de ces démarches, le ministre Blanchette s’est déclaré en période de réflexion.

Remplissage complet de la fosse

Le BAPE s’est aussi penché sur la possibilité exprimée par Agnico Eagle de remblayer en partie la fosse qui serait creusée pour l’exploitation du gisement. Cette option est pour l’instant conditionnelle aux résultats de tests toujours en cours.

«Nous sommes d’avis qu’un scénario d’un remplissage complet de la fosse et de l’élimination de la presque totalité des haldes à roche stérile devrait plutôt être analysé. De plus, le remblayage devrait être conçu de façon à réaliser la restauration la plus écologique possible du site minier», a recommandé le BAPE.

Sensible aux préoccupations soulevées

Agnico Eagle a pour sa part fait savoir qu’elle analyserait de manière approfondie chacune des recommandations proposées par le BAPE. «Nous demeurons confiants d’avoir un projet responsable d’un point de vue environnemental et social avec des retombées économiques importantes pour la région et nous sommes sensibles aux préoccupations soulevées», a fait savoir le directeur général de la mine Goldex, Frédéric Langevin.

Le projet Akasaba Ouest

L’exploitation du gisement Akasaba Ouest se traduirait par la production de 123 460 onces d’or et 45 604 825 livres de cuivre. Le minerai serait extrait d’une fosse mesurant au maximum 470 mètres de longueur par 385 mètres de largeur et 165 mètres de profondeur. Il serait concassé sur place et acheminé par camion jusqu’à la mine Goldex. Le projet ne nécessiterait donc pas de nouveau parc à résidus miniers.