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09 février 2018

La main-d’œuvre en crise?

©Photo La Frontière/Le Citoyen – Archives

Qui l’eût cru? Le presque plein emploi en Abitibi-Témiscamingue! De mémoire d’homme, ce n’était pas arrivé depuis de nombreuses décennies.

On dit qu’avec un taux de chômage qui avoisine les 5 %, c’est le plein emploi. Alors, on devrait s’en réjouir, il me semble. Hélas, ce n’est pas le cas. Qui dit plein emploi dit aussi pénurie de main-d’œuvre et qui dit pénurie de main-d’œuvre dit problème de recrutement et, surtout, de rétention de ses employés.

Le pire, c’est que la vigueur de notre économie cause des pénuries qui perdurent depuis quelques années. C’est ce qui ressort d’une rencontre tenue à Rouyn-Noranda, le 18 janvier, qui regroupait une centaine d’acteurs décidés à répondre aux défis posés par le manque de main-d’œuvre dans notre région. Quand c’est rendu que Walmart décide de donner 2 $ de bonus de l’heure à ses employés pour les garder, que Morasse ferme son bar à poutine à Val-d’Or faute de main-d’œuvre et que Tim Hortons doit raccourcir ses heures d’ouverture faute d’employés, on commence à avoir un sérieux problème!

Je pourrais ici vous dresser une liste de plusieurs pages d’entreprises qui freinent leur expansion par manque de main-d’œuvre qualifiée. Comment en sommes-nous arrivés là? La réponse qui était sur toutes les lèvres, à l’occasion de ce colloque du mois de janvier: «Le manque de concertation régionale». Tiens, tiens, le chat sort du sac!

Vous souvenez-vous de la Conférence régionale des élus, la CRÉ? C’était l’organisme de concertation régionale par excellence. Sous prétexte de rationalisation budgétaire, le gouvernement de Philippe Couillard a mis la hache là-dedans, privant du même coup notre vaste région d’une table unique où se rencontraient des intervenants socioéconomiques pour parler de développement régional à tous les niveaux. Vous souvenez-vous de l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, qui a été sauvé de justesse par l’UQAT et d’autres acteurs régionaux? Il s'agit d'un organisme visionnaire, surtout pour le marché de l’emploi.

Aujourd’hui, il faut rebâtir et de toute urgence, une concertation régionale pour affronter les nombreux défis qui nous attendent. Parlez-en à Sylvain Blais, directeur général du Cégep, qui dans des mots sans équivoque mentionne qu’il ne réglera pas les problèmes de main-d’œuvre tout seul. Il lui faut de l’aide et cette aide c’est Emploi-Québec qui peut l’offrir. Toutefois, il faudrait donner à cet organisme les moyens de réaliser ses ambitions.

Parlons clairement. Qui peut, en Abitibi-Témiscamingue, prévoir combien d’électriciens, de plombiers, de mécaniciens, d’ingénieurs et autres corps de métier aura-t-on besoin d’ici les prochains dix ans? Selon moi, personne. J’espère me tromper, mais si les entrepreneurs, les employeurs, les institutions scolaires et les autres ne trouvent pas le moyen de s’asseoir à la même table pour travailler en concertation, on se prépare des réveils douloureux. Comment convaincre des immigrants de venir s’installer chez nous? Nous ne sommes pas les seuls à vouloir jouer dans le film La Grande Séduction. Parlez-en à Drummondville. La population s’y attelle depuis près de 20 ans.

Il faut une concertation régionale, pas seulement locale. C’est bien d’avoir des centres de formation professionnels tout neufs, mais si l’on n’a pas de vision d’avenir de l’emploi chez nous, on formera des employés de service, alors qu’on a peut-être besoin d’employés formés pour les entreprises de transformation ou dans des domaines comme l’informatisation ou la mécanique ultra spécialisée.

La région est à la croisée de chemins. On réalise que les industries d’exploitation et de transformation de notre matière première ont encore la cote. Mais de plus en plus, grâce à la recherche et le développement, émergent des entreprises d’avenir. Prenez Technosub, par exemple. Cette entreprise de Rouyn-Noranda s’est développée dans le domaine des pompes submersibles et elle vise maintenant le monde entier comme terrain de jeu. Il y a ces nombreuses entreprises de ventilation pour les mines, qui sont de plus en plus profondes. On peut aussi penser aux entreprises de communications souterraines. Ce sont des domaines qui demandent de la main-d’œuvre spécialisée. Si les entreprises ne parviennent pas à la trouver ici, elles devront la former elles-mêmes ou plier bagage, ce qui serait une catastrophe.

UQAT, Cégep, commissions scolaires, industriels, entrepreneurs, chambres de commerce, CLD, SADC, tous ces acteurs socioéconomiques doivent être en mesure de s’asseoir, de penser et de travailler ensemble pour que l’économie régionale continue de croître et qu’on augmente notre population pour éviter l’exode vers d’autres cieux de nos jeunes diplômés, lesquels seront demain le ciment de notre vitalité économique.

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