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23 février 2018

Ma garde-malade est malade

Je sais, je sais, on ne dit plus garde-malade, mais bien infirmière, aide-soignante, préposée aux bénéficiaires, etc. Mais pour moi, une garde-malade était plus respectée lorsqu’elle s’appelait ainsi. Ça voulait tout dire: elle gardait les malades… en santé ou les aidait à le redevenir.

Lorsque je parle des infirmières, j’inclus les aide-infirmières, les préposées aux bénéficiaires qui œuvrent non seulement dans les centres hospitaliers, mais dans tous les centres d’hébergement du Québec, peu importe leur acronyme, sous la tutelle du ministère de la Santé du Québec, que tout ce monde soit des femmes ou des hommes. Mais peu importe le terme avec lequel on les désigne, cela ne changera rien: elles sont malades. Le système de santé au Québec et, bien sûr, dans notre région est très loin d’aider à les maintenir en santé, bien au contraire.

La réorganisation de la santé sous le ministre Barrette et le gouvernement Couillard s’est faite au détriment des employés de base. Ceux qui sont en contact direct quotidiennement avec les patients. Comme l’écrivait si justement Michel David, dans Le Devoir du 4 février: «Il est vrai que les heures supplémentaires imposées aux infirmières à temps plein ont créé un cercle vicieux difficile à briser. Celles qui souhaitent mener une vie normale boudent les postes disponibles, ce qui augmente encore la charge de celles qui les occupent et les rendent d’autant moins attrayants». Il ajoute: «Les heures supplémentaires sont des mesures d’exception qui sont devenues des méthodes de gestion, un peu comme ces unités de débordement qui en sont venues à être considérées comme une façon normale de gérer les salles d’urgence».

On ne peut pas mieux dire et décrire la situation actuelle dans les services de santé du Québec et, bien évidemment, dans notre région. J’ajouterai un mot du neurologue Nicolas Duprés qui, dans une lettre ouverte dans le même journal, écrivait: «Un des effets directs de la réforme en cours sur l’avenir de notre système de santé est de le rendre ingérable en centralisant et en politisant à outrance le processus décisionnel». C’est l’exacte réalité de ce qui se passe aujourd’hui. Personne ne peut parler sous peine de réprimande, suspension ou autre sanction. Donc, la seule option qu’il reste aux infirmières, c’est d’exploser.

Voilà ce qui s’est produit depuis plusieurs semaines. Personne ne croyait que la crise était aussi profonde. Appelons cela, de l’écœurantite aiguë. Les cris du cœur des infirmières et du personnel de soutien on envahit les réseaux sociaux et certains sont devenus viraux. Pensons à Émilie Ricard, qui a même poussé sa fédération et le ministère de la Santé à s’asseoir et à trouver des solutions. On n’en est plus aux discussions ou aux négociations syndicales. Pire, on est vraiment rendu au bout du rouleau et il en va du bien-être des patients.

Fini, les discussions de couloir ou en cachette! le feu est pris dans les établissements de santé et de services sociaux du Québec. Je ne crois pas que le ministre Barrette doive être le pompier en chef. Il faut que le premier ministre Couillard prenne lui-même le dossier en charge. Il faut aller lire les interventions du personnel infirmier rapportées dans le journal Le Soleil du 6 février pour réaliser à quel point la crise est profonde et comment ça va prendre plus que de belles paroles pour la régler: «Du personnel épuisé, en détresse, non formé, inexpérimenté». C’est la vie au quotidien dans un service psychiatrique de la région de Québec, et je gagerais beaucoup d’argent que c’est la même chose dans plusieurs autres unités psychiatriques au Québec, incluant notre région.

Mais ce qui est le plus fort, c’est que ces employés sont tenus à la loi du silence sous peine de sanction. Alors là, il n’y a pas de quoi être surpris que le presto en vienne à sauter. Cet article est criant de vérité. À lire sans faute sur le site du journal Le Soleil. Je crois que vous ne verrez plus vos centres de soins de la même façon. On a coupé, recoupé, rationalisé et centralisé, sans se préoccuper de ceux qui sont à la base de ce système. On n’a même pas le cœur de les respecter, alors il ne faut pas se surprendre de la situation actuelle.

Qu’on ne vienne pas me dire que ces employés se plaignent pour rien avec les gros salaires qu’ils ont. C’est de la foutaise et, surtout, une insulte pour ceux et celles qui se dévouent et qui croient aux services de soins humanisés. Juste un peu plus de respect, au lieu de menaces, cela ne pourrait pas nuire. Je le répète: ma garde-malade est malade!

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