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11 novembre 2017

Ça va s’arrêter où?

On vit, ces temps-ci, des moments particuliers au sein de la société québécoise. Je veux bien sûr parler des dénonciations et/ou allégations de conduites sexuelles inappropriées (l’expression la plus douce que j’ai trouvée). 

Les affaires Salvail, Rozon, Venne et combien d’autres à venir me font m’interroger sur ce que vivent les agresseurs et surtout les victimes de ces gestes déplacés, pour ne pas dire plus. Pour ceux qui sont plus vieux, vous vous rappellerez que l’on a, hélas, toujours eu de ces <@Ri>vieux mononcles cochons<@$p> et que bien souvent, ces gestes sexuels déplacés de ces personnes étaient cachés, sinon enfouis dans les secrets de famille.

Mais c’était dans un temps «que les jeunes de 20 ans ne peuvent pas connaître», comme le disait si bien Charles Aznavour. On n’est plus en 1950, on est en 2017. Une chose ne semble pas avoir changé: il y a encore, hélas, des cas d’agressions sexuelles qui font trop de victimes. Mais au moins, une chose a changé; il y a de plus en plus de dénonciations.

Fini les secrets de famille, enfin, souhaitons-le. Malgré la hausse des dénonciations, peu se rendent à un jugement de culpabilité; en fait, peu se rendent devant les tribunaux. Moins de 20 % des dossiers se terminent à la cour criminelle, par des plaidoyers ou des jugements de culpabilités.

Il y a de quoi décourager les victimes de confier au système judiciaire le soin de sanctionner leur agresseur. Pourquoi? Est-ce le système juridique qui est trop lourd, ou les victimes qui y sont mal préparées? Je répondrai: un mélange des deux. Le système judiciaire est peut-être lourd, mais il ne faut pas oublier qu’il est, et j’espère qu’il restera, basé sur la présomption d’innocence.

Donc, l’accusé est présumé innocent jusqu’à la preuve hors de tout doute raisonnable de sa culpabilité. Ce qui implique, dans un système contradictoire, que la victime doit être bien préparée, non seulement à un interrogatoire serré mais, et surtout à un contre-interrogatoire qui peut être douloureux. On devrait, dès le dépôt de la dénonciation, dès le poste de police, bien informer les victimes. Mais surtout, surtout, elles doivent avoir le sentiment qu’elles sont non seulement écoutées, mais que l’on croit leur version. C’est vrai que cela peut apparaître rébarbatif, mais je crois que bien encadrées, bien supportées, les victimes ne perdront pas confiance dans notre système judiciaire.

Une chose m’inquiète aujourd’hui, devant les allégations qui ont été rendues publiques récemment. C’est le fait des médias sociaux, de plus en plus présents dans nos vies. Ces médias sont devenus des tribunaux publics. Hélas, il arrive, et cela ne fait que commencer, sur ces plateformes internet que l’on condamne sans appel. Tout un chacun y va de ses commentaires, et ce, sans aucun discernement.

On dirait que les victimes ayant perdu confiance dans le système judiciaire décident, pour certaines, de se faire justice elles-mêmes. C’est inquiétant, car on a peine à imaginer les destructions de vies que pourraient entraîner des allégations ou dénonciations sans fondement. La prudence s’impose, car il est impossible de ramener la pâte à dent dans le tube, comme le disait si bien Gilles Duceppe.

Surtout, on n’a aucun contrôle sur ce que l’on envoie sur la grande toile Internet. Hélas, l’expression «pas de fumée sans feu» risque ici de prendre tout son sens. On met une vie à se bâtir une réputation, qui peut être démolie en un clic de souris. Parlez-en à messieurs Salvail et Rozon et à combien d’autres.

Loin de moi l’idée que l’on ne doive pas dénoncer son agresseur, bien au contraire, mais entre le dénoncer sur la place publique, à travers les médias sociaux, ou le faire en respectant les droits des uns et des autres, mon choix est clair. Je préfère le système judiciaire, aussi imparfait soit-il, que le lynchage populiste de Facebook ou autre Twitter. Toutefois, une chose doit primer: le respect des victimes.

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