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15 mars 2018

Jean-François Vachon - jfvachon@lexismedia.ca

Sylvain Racine: peine dans la collectivité pour violence conjugale

©Photo tirée de Facebook

Sylvain Racine, 35 ans, a évité de justesse la prison en plaidant coupable à des accusations de menaces et de voies de fait causant des lésions sur sa conjointe de l’époque. Il a été condamné à 18 mois d’emprisonnement dans la collectivité.

Victime de violence conjugale dans cette cause, Nina-Marie Tourigny a refusé que son nom soit tu. Par ce geste, la femme veut lancer un message clair à tous les autres femmes victimes de violence conjugale ou de sévices sexuelles.

C’était important pour moi de suivre la démarche jusqu’au bout. Tu m’as tellement dit souvent que je n’avais pas de colonne. J’en ai une colonne. C’est la seule chose que tu n’as pas brisée avec tes poings, tes mots et tes injures. Je suis encore capable de me tenir debout. Je ne suis pas forte, mais je suis là, debout. -Nina-Marie Tourigny

«Je veux pouvoir être la voix des victimes de violence conjugale et de sévices sexuels qui ont trop peur pour parler, qui ont honte. Je veux passer le message aux femmes que c’est possible de s’en sortir, même si ce n'est pas facile», a-t-elle confié.

«S’il y a une personne qui était méfiante et qui avait peur, c’était moi. J’ai été extrêmement bien encadrée par la policière et la procureure de la Couronne. Elles m’ont mis en confiance», a-t-elle ajouté.

Témoignage poignant

Devant la juge Peggy Warolin, Nina-Marie Tourigny a livré un témoignage poignant. Elle a lu une lettre qu’elle adressait à son bourreau:

«Je t’en veux d’être entrée dans ma vie. J’étais une femme respectable avec une carrière respectable. Je m’en suis voulu de t’avoir laissé entrer dans ma vie. Tu as détruit le bon caractère que j’avais. Tu es entré dans ma tête et tu m’as détruite au point où j’ai voulu quitter la vie. Je ne te pardonnerai jamais. Tu as détruit ma confiance, ma joie. J’étais une fille enjouée qui aimait la vie. Aujourd’hui, j’ai perdu ma joie de vie. J’ai peur des foules. Tu es parti avec ma vie. Il ne faut pas avoir de cœur pour faire ça à quelqu’un que tu dis aimer. Tes agressions m’ont brisée. La chose la plus belle entre deux personnes, tu me l’as volée.»

Elle a conclu son témoignage sur une note courageuse: «C’était important pour moi de suivre la démarche jusqu’au bout. Tu m’as tellement dit souvent que je n’avais pas de colonne. J’en ai une colonne. C’est la seule chose que tu n’as pas brisée avec tes poings, tes mots et tes injures. Je suis encore capable de me tenir debout. Je ne suis pas forte, mais je suis là, debout.»

«Je vais te passer, ma…»

Grâce à son plaidoyer de culpabilité, Racine a obtenu des arrêts conditionnels sur des chefs de harcèlement, de voies de fait, de menaces et d’agression causant des lésions.

Les faits se sont déroulés sur une période de deux ans entre mai 2014 et janvier 2016. Trois évènements distincts ont été soulevés par la procureure de la Couronne, Me Mélissa Plante.

En décembre 2014, la victime était arrivée en retard en raison de son travail pour aller au party de Noël de l’accusé. Ce retard avait irrité Racine. «Selon Madame, il était dans un état de consommation de drogues et d’alcool. Au retour, il a détruit à coups de pieds et de poings le pare-brise du véhicule de Madame, en plus de la pousser et de la menacer de la passer», a exposé Me Plante.

Fuite

Le deuxième événement relaté par la Couronne s’est déroulé à l’été 2015. À cette époque, la victime souhaitait mettre fin à la relation. Alors qu’elle allait porter à Sylvain Racine ses effets personnels chez lui, ce dernier s’est fâché.

«Il a poussé la victime au sol. Elle a atterri dans le gravier, s’éraflant les jambes et les coudes. Il l’a aussi ruée de coups au niveau des jambes. Alors que la victime menaçait d’appeler la police, Monsieur lui a indiqué qu’elle allait finir dans un sac. Cette dernière s’est enfuie et s’est cachée», a rapporté Me Plante. Lorsque la victime, très mal en point, est revenue pour chercher son véhicule, l’accusé avait fait preuve de repentir et l’avait fait entrer dans la maison.

Étranglée pour avoir brisé un cellulaire

Le dernier événement, le pire physiquement, a eu lieu en décembre 2015. Une chicane éclate entre les deux conjoints. Cette dernière lance le cellulaire de l’accusé, qui va se fracasser sur le mur. À ce moment, Sylvain Racice voit rouge. La procureure de la Couronne a lu la déclaration de la victime:

«Il m’a traînée de la porte jusqu’à la chambre par terre. Je me débattais. Il me tenait par les cheveux et me serrait la gorge. Il a desserré sa prise quand je suis devenu molle. À ce moment, j’ai saisi la première chose que j’ai vue et je l’ai frappé. Il a plié en deux, mais il a lâché un sacre avant de me donner un coup de poing. Je suis tombée comme une barre. Ma tête a heurté le sol. Il y avait une quantité incroyable de sang. J’avais le nez, la bouche, les lèvres en sang. Quand je l’ai traité de mongol, je crachais du sang.»

Auprès de ses proches, Sylvain Racine a prétendu qu’il s’agissait d’un accident de VTT. Il est même allé jusqu’à aller des faires des traces dans le bois.

L’avocat de la défense, Me Marc Lemay, a fait savoir à la juge Peggy Warolin qu’il divergeait sur certains faits rapportés, mais qu’il allait retenir ses commentaires.

Suggestion commune

Les avocats des deux parties ont soumis une suggestion commune d’une peine d’emprisonnement de 18 mois dans la collectivité. «On a travaillé fort pour en venir à un règlement. Je dois avouer que ma première idée était la détention», a précisé Me Plante.

Me Lemay a indiqué que son client avait un bon emploi. «Cette peine va lui permettre de le conserver. De plus, il sera surtout encadré. Je souhaite que ses agents de surveillance et de probation l’aident à faire les démarches nécessaires pour accepter qu’il a un problème de violence latente. Ce n’est pas punir Monsieur que de le faire suivre une thérapie, c’est l’aider», a-t-il fait valoir.

«S’il avait été reconnu coupable, on parlait assurément d’une peine de prison. Je lui ai expliqué. Lui faire admettre qu’il avait une responsabilité fut un travail difficile et cela a nécessité une longue réflexion. Compte tenu de son plaidoyer de culpabilité et de son absence d’antécédents, la peine est appropriée. Ce n’est pas une sentence très lourde, mais pour les 36 prochains mois, il va devoir marcher comme il faut», a-t-il ajouté.

La juge surprise

La juge Peggy Warolin était très indisposée par le comportement de Sylvain Racine. «Je vous regardais pendant que Madame parlait. Même si vous reconnaissez certains faits et que vous croyez qu’il y a quelques nuances, le centième de ce que vous avez fait est déjà inadmissible», a-t-elle lancé.

«Il n’y a pas un humain sur terre qui mérite ça. Surtout pas dans une relation de couple. Surtout pas une personne que vous dites être la personne de votre vie. Vous avez posé les gestes, mais elle se sent coupable. Elle ne mérite pas ça. Ce que vous lui avez fait vivre est odieux», a-t-elle ajouté.

La juge s’est dite surprise de la recommandation des avocats. «Je m’attendais vraiment à une peine d’emprisonnement. Néanmoins, la suggestion commune m’apparaît raisonnable», a-t-elle concédé.

Racine purgera donc une peine de 18 mois dans la collectivité. Sa peine sera suivie d’une probation de trois ans, dont 18 mois seront surveillés. Il a aussi été condamné à verser un don de 2000 $ à Alternative pour elles, en plus de devoir suivre différentes thérapies de contrôle de la violence.

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