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17 mai 2018

Gilles Ste-Croix émerveille le public avec le récit de sa vie

©Photo La Frontière/Le Citoyen – Marc-André Gemme

Lorsqu’il était jeune, Gilles Ste-Croix s’est fabriqué une paire d’échasses pour mieux ramasser des pommes. Jamais il n’aurait cru qu’un jour, il deviendrait cofondateur d’un des cirques les plus reconnus du monde.

Originaire de Beaucanton, au nord de La Sarre, Gilles Ste-Croix est revenue sur sa terre natale afin d’offrir deux conférences aux gens de l’Abitibi-Témiscamingue. La première a eu lieu le 15 mai à La Sarre dans une Salle Desjardins pleine à craquer.

«Ça fait un bon moment que je voulais venir vous parler. Parce que même si je suis parti depuis très longtemps, j’ai toujours gardé en moi un attachement profond à ce coin de pays qui m’a vu naître», a lancé l’orateur à son public attentif.

M. Ste-Croix, qui a fait ses études secondaires à la Polyno, s’est émerveillé de voir à quel point son école avait changé en 50 ans, tout en conservant certains aspects. «J’ai fait le tour de l’école et tout était presque pareil. J’ai même retrouvé mon vieux casier, qui n’avait pas changé depuis tout ce temps», a-t-il raconté.

Le théâtre dans le sang

«Imaginez-vous que je suis né dans une maison qui n’avait pas d’électricité, a relaté Gilles Ste-Croix. J’avais six ans quand l’électricité est arrivée chez nous. Je m’en souviens très bien.»

Un peu taquin, il a admis qu’il était probablement atteint d’un TDAH, mais qu’il savait qu’un jour, il allait faire quelque chose de formidable et hors du commun. Son cheminement scolaire l’a éventuellement mené au Séminaire d’Amos.

«C’est là, à 12 ans, que j’ai senti que j’étais spécial, que j’avais une bonne étoile, a-t-il indiqué. Bien que je ne sois pas resté longtemps au Séminaire, j’y ai découvert le théâtre, les costumes, la lumière et la scène.»

Par la suite, M. Ste-Croix a fait partie de la première cohorte de la Polyno de La Sarre. «J’y avais monté une troupe de théâtre qu’on appelait Les Réservés», a-t-il souligné. C’est donc sur les planches de ce qui allait devenir la Salle Desjardins que Gilles Ste-Croix a mis sur pied ses premiers spectacles.

La vie de commune, la découverte du cirque

Après ses études, Gilles Ste-Croix a quitté l’Abitibi pour s’en aller vers l’Ouest. «J’y ai découvert la vie de commune. C’était une époque très effervescente et c’est là que je me suis moi-même découvert», a-t-il affirmé.

C’était une période marquée par les hippies et la contre-culture, où les jeunes cherchaient à vivre dans la paix et l’amour. «Pendant cinq ans, ma personnalité s’est affirmée, mais j’avais perdu contact avec mon identité québécoise. Je voulais renouer avec mes racines», a mentionné M. Ste-Croix.

Il est donc revenu au Québec en 1974, où il s’est installé dans une commune en Estrie. C’est à cet endroit qu’il a construit ses premières échasses. «On avait des pommiers. Pour faciliter la récolte des pommes, j’avais fabriqué une paire d’échasses de six pieds et je me lançais d’un arbre à l’autre. C’était très naturel pour moi, comme si j’avais fait ça toute ma vie», a-t-il évoqué.

Avec le temps, il a eu vent d’une troupe de saltimbanques qui faisait du théâtre de rue au Vermont. «Ç’a été un des grands moments de ma vie. Je me suis senti choyé et guidé par ma bonne étoile», a-t-il indiqué.

La grande rencontre

Après son périple aux États-Unis, Gilles Ste-Croix s’est trouvé un emploi à Baie-Saint-Paul, où il assurait l’animation dans une auberge de jeunesse. «C’est là que j’ai rencontré Guy Laliberté, qui avait tout juste 20 ans, a-t-il mentionné. Guy était autodidacte comme moi. On s’est tout de suite plu.»

M. Ste-Croix s’est alors mis à créer un spectacle basé sur la vie d’Alexis le trotteur. «Cette année-là, j’ai fondé la troupe Les Échassiers de Baie-Saint-Paul, a-t-il affirmé. J’avais besoin d’argent et de subventions pour mettre ma pièce en place, mais pour les obtenir, je devais être connu.»

Il a donc entrepris un projet loufoque, mais qui lui a donné de la notoriété et lui a permis d’amasser plus de la moitié des fonds nécessaires à la réalisation de sa pièce. «Il faut de l’audace et de l’imagination pour changer les règles et la façon de faire les choses, a souligné M. Ste-Croix. Mon idée folle, c’était de faire un <@Ri>échassothon<@$p>. C’est-à-dire de parcourir en échasses les 90 kilomètres qui séparent Baie-Saint-Paul de Québec.»

Il a réussi son objectif, faisant les manchettes des journaux tout en attirant l’attention d’un fonctionnaire, qui a accepté de financer 50 % de son projet. La pièce a ainsi pu voir le jour. Ce fut la première collaboration entre Gilles Ste-Croix et Guy Laliberté.

La naissance du Cirque du Soleil

Peu de temps après la pièce sur Alexis le trotteur, Gilles Ste-Croix a eu l’idée de créer un grand festival d’amuseurs publics à Baie-Saint-Paul. Il a demandé l’aide de Guy Laliberté, qui avait déjà beaucoup de contacts chez les artistes du milieu.

«Le soir de la première édition, il s’est passé quelque chose de magique, a-t-il relaté. Il y a eu une panne d’électricité dans tout le village. Le public est parti tranquillement dans le noir et nous sommes retournés en coulisses pour ranger nos costumes. J’étais assis avec Guy, dans le noir presque total, éclairé par une chandelle, et je lui ai dit qu’on devrait prendre le festival, le mettre sous un chapiteau, partir en tournée et qu’on aurait un nouveau cirque québécois.»

C’est à ce moment qu’est née l’idée du Cirque du Soleil. En 1984, l’idée s’est concrétisée. Le spectacle intitulé Le grand tour est parti en tournée sous un chapiteau. «Le nom du Cirque du Soleil est arrivé après. C’était l’idée de Guy, qui avait eu une vision lors d’un voyage à Hawaii», a indiqué M. Ste-Croix.

En 1988, ce dernier est devenu le directeur artistique en charge du Cirque du Soleil. «Pendant les 10 ans qui ont suivi, le Cirque du Soleil a connu son erre d’aller, a rappelé Gilles Ste-Croix. Nous avons créé de nombreux spectacles qui ont marqué leur époque.»

Apprendre de ses échecs

En 1998, M. Ste-Croix a laissé le Cirque du Soleil afin de réaliser un rêve. «Dans les années 1980, j’avais vu des spectacles équestres en France et je savais que rien de similaire n’existait en Amérique du Nord. J’ai donc quitté mon emploi puisque le Cirque du Soleil ne travaillait pas avec les animaux», a-t-il expliqué.

Il s’est rendu en Europe pour monter son spectacle, qui s’intitulait Cheval Théâtre. «L’entreprise nous coûtait 100 000 $ par semaine, avant même d’avoir vendu un seul billet. C’est là que j’ai compris l’expression qui dit que si tu veux être millionnaire avec des chevaux, tu es mieux de commencer milliardaire», a-t-il lancé en rigolant.

Les premières représentations de Cheval Théâtre ont été un succès immédiat, mais les attentats du 11 septembre 2001 à New York sont venus détruire les espoirs de Gilles Ste-Croix.

«Les gens qui avaient des billets ne sortaient pas de chez eux, ils restaient cloués devant leur télévision. L’équipe était sous le choc, tout le monde pleurait. On a dû annuler des représentations. Celles qu’on faisait n’arrivaient pas à remplir la moitié du chapiteau et l’ambiance était morose», a-t-il évoqué.

L’entreprise a dû se résoudre à la faillite et le rêve d’un cirque équestre de Gilles Ste-Croix est mort. «Ç’a été un très beau spectacle, une belle épopée, mais je devais digérer cet échec et comprendre pourquoi j’avais échoué, a-t-il indiqué. Je ne pouvais pas tout mettre sur le dos de Ben Laden. J’ai réalisé que j’étais d’abord et avant tout un créateur et que j’avais été un peu prétentieux de penser que je pouvais également être producteur, financier et metteur en scène.»

Love

L’échec de Cheval Théâtre a été difficile pour M. Ste-Croix, mais c’est alors que Guy Laliberté lui a proposé de créer Love, un tout nouveau spectacle qui allait utiliser la musique originale des Beatles. Étant un énorme fan du groupe, il a accepté sans hésitation. «C’est ce qui m’a sorti du marasme dans lequel je me trouvais», a précisé Gilles Ste-Croix.

Non seulement a-t-il fait la rencontre de George Harrison et Paul McCartney, mais il a pu travailler de près avec eux. Le spectacle a connu un énorme succès. «Un des moments les plus marquants fut le jour où l’on a présenté le spectacle en entier à Paul McCartney chez lui à New York», a souligné M. Ste-Croix.

«Dans les années qui ont suivi, j’ai continué à travailler sur plusieurs spectacles du cirque, mais aucun n’a surpassé ce moment magique qu’a été Love», a-t-il lancé.

Aujourd’hui à la retraite, Gilles Ste-Croix continue d’accepter des contrats de temps en temps. Il a d’ailleurs récemment collaboré à un des spectacles de Céline Dion.

Cofondateur, mais pas propriétaire

Même s’il a fondé le Cirque du Soleil avec Guy Laliberté, Gilles Ste-Croix n’en a jamais été copropriétaire. «Aux débuts du Cirque du Soleil, quand Guy a vraiment parti l’entreprise, il m’a demandé si je voulais investir là-dedans puisqu’on avait eu l’idée ensemble. Dans le temps, je n’avais pas d’argent et j’avais une famille à faire vivre. Je lui ai simplement demandé de reconnaître ma contribution et de s’assurer que j’aurais toujours ma place», a-t-il raconté. C’est de cette manière que Guy Laliberté est devenu propriétaire du Cirque du Soleil, mais que Gilles Ste-Croix ne l’a jamais été.

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