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18 avril 2018

Charles Tanguay: un homme et ses pianos

©Photo La Frontière/Le Citoyen – Marie-Eve Bouchard

Charles Tanguay entretient un lien particulier avec tous les pianos de l’Abitibi-Témiscamingue puisqu'il est le seul accordeur sur le territoire. Un métier, certes, mais avant tout une réelle passion depuis plus de 40 ans.

Rien ne destinait l'homme à devenir accordeur, si ce n'est le plaisir du contact avec les clients. M. Tanguay n'est pas né dans une famille de musiciens, mis à part sa mère qui adorait chanter et son grand frère qui, à l’âge de 84 ans, dirige encore une chorale. De fait, Charles Tanguay avoue qu’il ne sait même pas jouer du piano! Comme la majorité de ses collègues accordeurs, d’ailleurs.
«Je ne dis pas, par contre, que si j'avais eu la chance de naître dans une famille qui aurait eu les moyens d'avoir un piano, je n'aurais pas joué, raconte celui qui est le cadet d'une famille de 11 enfants. En fait, pour être accordeur, ça prend surtout de l'oreille.»
De l'électronique au piano
C'est donc pur hasard que Charles Tanguay se retrouve encore et toujours accordeur de piano puisque c'est en d’abord en électronique qu'il a voulu faire carrière.
«Après mes études, j'ai été engagé chez Musique Migneault, vers la fin des années 1960, en tant que technicien électronique. Comme on était une petite équipe de cinq employés, on devait toucher à tout dans l'entreprise», se rappelle le sympathique homme.
Autant la vente que la réparation figuraient parmi les tâches que devait accomplir le jeune M. Tanguay. «Pour être honnête, je me suis rendu compte que, finalement, l'électronique, je détestais ça. Travailler à remonter un ampli, je n'aimais pas. Moi, c'était le contact avec le client, parce que je sentais que je faisais une différence», évoque-t-il.
Lorsque Musique Migneault devient le deuxième vendeur de piano Yamaha au Québec et que l'entreprise exige la présence d'un technicien certifié sur place, Charles Tanguay y voit une opportunité.
«C'était la chance de ma vie parce qu'à l'époque, quand on voulait acheter ou vendre un piano, il fallait passer par M. Migneault. Les réseaux sociaux n'existaient pas à l'époque. Donc, la majorité des pianos passaient par nous», soutient M. Tanguay.
Fasciné par le mécanisme
Charles Tanguay décide donc de suivre une formation qui lui prendra trois à cinq ans, à raison d'une semaine ou deux par mois. La formation lui est offerte gratuitement, alors qu'aujourd'hui, elle a un coût minimum de 40 000$ et elle est dispensée uniquement dans l'ouest du pays.
Le coup de foudre pour son métier s'est produit dans les débuts de sa carrière, alors qu'en compagnie de M. Migneault, Charles Tanguay est appelé à réparer un piano avec une touche défectueuse.
«Je me rappelle que la maison était située après la côte du lac Dufault. Une belle maison avec beaucoup de meubles antiques et un piano antique. J'avais amené une vieille chaudière avec toutes sortes de trucs pour réparer le piano. Quand j'ai ouvert le piano et que j'ai réussi à redonner vie à la touche défectueuse, c'est là que j'ai été fasciné par le mécanisme», se rappelle-t-il.
Sur la route
Ce plaisir, ou plutôt cette relation, l’accordeur l’entretient depuis plus de 40 ans et la flamme est toujours aussi vive.
Chaque piano qui se trouve en Abitibi-Témiscamingue a, à un moment ou l'autre, été en contact avec les mains expertes de M. Tanguay. Que ce soit dans les écoles de musique, dans les salles de spectacles, lors des concours de musique, pour les festivals, dans les écoles ou chez les particuliers, il parcourt inlassablement l'Abitibi-Témiscamingue et le Nord de l'Ontario. «Je fais plus de 75 000 km par année. Ce n'est pas rare qu'une journée débute à 7h le matin pour se terminer à 19h, la semaine et la fin de semaine… Mais j'adore ça encore aujourd'hui», précise-t-il.
Jamais une tempête n'a empêché Charles Tanguay de se présenter à un rendez-vous. Et la route, pour le mélomane qu'il est, représente l'occasion unique d'écouter de la musique. «J'ai la radio satellite, donc ça me permet d'écouter toute sorte de choses. De la musique classique, évidemment, mais aussi plein d'autres styles», mentionne-t-il.
«Ce que j'aime moins, par contre, avec les années, poursuit l'accordeur, c'est le côté administratif qui vient après la journée de travail. Les commandes, les retours d'appels…»
La relève se fait très rare
Même s'il aimerait bien ralentir un peu, question de passer un peu plus de temps avec sa conjointe et de pratiquer un peu plus ses pas de danse, le carnet de rendez-vous de M. Tanguay continue de se remplir et la relève dans le domaine est plutôt difficile à trouver. Les coûts de formation, les longues heures de travail et la route n'y sont peut-être pas étrangers.
Quelques candidats se sont bien présentés au cours des années, mais tous se sont désistés. Charles Tanguay a néanmoins peut-être trouvé son remplaçant et fonde beaucoup d'espoir sur un musicien de la région. En souhaitant que la chance et la santé soient de leur côté.
Entretemps, l’accordeur continue de dorloter les pianos de l'Abitibi-Témiscamingue. Les rencontres que lui permettent son métier animent encore son cœur et ses yeux pétillants. «Je travaille avec des artistes, des gens exceptionnels, calmes et agréables. Ils sont toujours contents de me voir et moi aussi», fait-il valoir.
 

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