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13 avril 2018

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Un corps humain, mais le cœur d’un animal

©La Frontière/Le Citoyen - Patrick Rodrigue

Comment réagiriez-vous si le visage que vous renvoie votre miroir est humain, mais qu’au fond de votre cœur, vous savez que c’est un animal qui habite votre corps? C’est ce que vivent au quotidien une soixantaine de Témiscabitibiens.

Après avoir vécu une grave dépression, Ripert, qui préfère conserver l’anonymat en raison des préjugés dont font encore souvent l’objet les personnes qui vivent la même situation que lui, a découvert qu’il était un furry, c’est-à-dire une personnalité animale incarnée dans un corps humain. Depuis, lorsqu’il porte ses oreilles ou ses pattes poilues ou même un costume complet, il ne se déguise pas en animal, mais permet plutôt à sa personnalité d’exprimer sa véritable nature.

C’est dans ton ADN. Ça vient du fond du cœur. Tu nais comme ça et, un jour, tu finis par le découvrir -Ripeurt

«On ne devient pas furry, explique-t-il. Ce n’est pas un trip de se déguiser en animal. C’est dans ton ADN. Ça vient du fond du cœur. Tu nais comme ça et, un jour, tu finis par le découvrir et tu laisses ta personnalité d’animal s’épanouir. C’est ce qui m’a sorti de la dépression.»

Ignorance et préjugés

Depuis, Ripert ne se gêne pas pour arborer au quotidien des signes qui évoquent sans équivoque sa personnalité d’animal. Ce n’est toutefois pas une tâche facile.

«On vit encore beaucoup de préjugés, signale-t-il, entre autres à cause de la mauvaise image que nous donne la pornographie. Sur Internet, lorsqu’on veut obtenir de l’information sur les furries, c’est la première chose sur laquelle on tombe. Et c’est vraiment dommage.»

Au-delà des préjugés, il y a surtout l’ignorance. «Par deux fois, je me suis fait arrêter par des policiers, mentionne Ripert. La première, c’est parce qu’ils pensaient que j’étais un kamikaze et que je pouvais cacher des explosifs dans mon costume. La deuxième, c’était juste pour me demander pourquoi je me promenais costumé. Ils ne comprenaient tout simplement pas. Pour les enfants et les personnes âgées, c’est plus facile. Par contre, il faut leur expliquer que nous ne sommes pas des mascottes.»

Quatre grands styles

Ripert divise les furries en quatre styles principaux. Il y a d’abord les toony, dont les costumes évoquent des animaux sympathiques, puis les kemono, dont les têtes souvent énormes, les yeux géants et les corps disproportionnés ressemblent aux dessins animés japonais. Viennent ensuite les réalistes, dont le costume tente de coller le plus possible à un animal réel. Enfin, il y a les robotiques, qui partagent leur silhouette animale avec des éléments électroniques souvent très sophistiqués.

«Certains furries vont créer eux-mêmes leur costume, mais ça demande beaucoup de temps. D’autres vont plutôt les commander. Certains costumes peuvent coûter très cher. C’est particulièrement le cas pour les réalistes et les robotiques. J’ai voulu me commander une tête robotique et son prix était de 30 000 $. Par contre, qu’on fasse soi-même son costume ou qu’on le commande, ça n’influence pas ta personnalité animale. Il faut juste être à l’aise avec son choix», mentionne Ripert.

Une communauté pour mieux se faire connaître

Pour combattre les préjugés et vaincre l’ignorance, Ripert a décidé de mettre sur pied, il y a un peu plus de trois ans, une communauté Facebook pour réunir tous les furries de l’Abitibi-Témiscamingue.

En date du début d’avril 2018, le groupe Furry de l’Abitibi comptait plus d’une centaine de membres. Du nombre, une soixantaine vivent dans la région, tandis que les autres proviennent de Montréal et, dans une moindre mesure, des États-Unis et de la France. L’âge des membres de l’Abitibi-Témiscamingue varie de 12 à 52 ans.

«On organise des activités entre nous, mais on participe aussi à des événements pour mieux nous faire connaître. Par exemple, quelques-uns d’entre nous sommes allés à la Fête d’hiver et à la Vente-trottoir de Rouyn-Noranda, à la Fête de la pêche ou encore à une activité pour la Fondation Martin-Bradley», fait savoir Ripert.

Des règles à respecter

En raison de la grande variété d’âges parmi les furries de l’Abitibi-Témiscamingue, les membres du groupe doivent respecter plusieurs règles, parmi lesquelles le respect des autres, sous toutes ses formes, occupe une place prépondérante. «Lors de nos activités, la consommation d’alcool, de drogues et de boissons énergisantes est interdite. On demande aussi aux membres de 12 à 15 ans d’être accompagnés par un adulte», précise Ripert.

Vers une convention

À plus long terme, Ripert aimerait organiser un Furmit à Rouyn-Noranda. D’une durée d’une journée, cette sorte de petite convention permettrait aux furries de la région de mieux se faire connaître du grand public.

«On est encore loin de la grande convention des États-Unis, qui réunit près de 5000 furries dans deux hôtels pendant quatre jours, mais ce serait déjà un bon début, mentionne Ripert. Il y avait une convention à Montréal, mais elle a cessé ses activités, faute de financement. Et les États-Unis, ce n’est pas à la portée de tout le monde.»

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