Économique
Retour16 mars 2018
Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca
Année record pour la production de bois en forêt privée
Malgré la surtaxe américaine, le marché s’est rarement aussi bien porté
©Gracieuseté - SPBAT
Alors que le bois d’œuvre canadien exporté aux États-Unis fait l’objet d’une surtaxe d’environ 21 %, le Syndicat des producteurs de bois d’Abitibi-Témiscamingue (SPBAT) a réalisé une année record de production de bois en provenance de la forêt privée.
«Notre record précédent datait de 2002. Les propriétaires de boisés privés de la région nous avaient alors fourni 467 000 mètres cubes de bois. En 2017, nous avons franchi le cap des 534 000 mètres cubes, pour une valeur de 29,3 M $. Et la tendance pour 2018 semble tout aussi bonne», a indiqué le directeur général du SPBAT, Stéphane Paul.
L’ironie de la situation aux États-Unis
Ce dernier impute ces excellents résultats à un ensemble de facteurs. D’abord, le marché de la construction aux États-Unis a repris beaucoup de vigueur. La demande en bois d’œuvre a donc grimpé en conséquence. «On entend beaucoup parler de la crise du bois d’œuvre qui s’éternise, mais depuis environ deux ans, les prix demeurent très élevés. On le voit autant dans le 2X4 que dans le panneau», a mentionné M. Paul.
D’ailleurs, a-t-il fait observer, les prix sont si élevés en ce moment qu’ils compensent amplement la surtaxe imposée par les États-Unis à leur frontière. «De plus, une partie de cette surtaxe est, ironiquement, refilée aux consommateurs américains», a-t-il signalé.
Mécanisation croissante des opérations
La mécanisation croissante des opérations en forêt privée a aussi joué un rôle. Traditionnellement, le bois était surtout récolté à la main. Grâce, là aussi, à la vigueur du marché, de plus en plus d’entrepreneurs ont acquis de la machinerie, ce qui leur a permis d’accroître leur productivité.
Environ 400 propriétaires ont ainsi produit du bois en 2017. «C’est environ deux fois moins qu’il y a quelques années, mais les volumes par propriétaire ont augmenté de façon importante. Grâce à la mécanisation, mais aussi grâce à des incitatifs fiscaux comme l’étalement du revenu et du gain en capital», a expliqué Stéphane Paul.
Un démarcheur très efficace
Le démarcheur en aménagement des forêts privés, une initiative unique en son genre mise sur pied en novembre 2016 à la suite d’une association entre le SPBAT, les Agences régionales de mise en valeur des forêts privées de l’Abitibi et du Témiscamingue et l’Association forestière de l’Abitibi-Témiscamingue, a également joué un rôle important.
«Après un an, il est parvenu à dénicher 135 000 mètres cubes de bois auprès de propriétaires qui, jusque-là, n’avaient jamais envisagé d’aménager leurs boisés, a souligné M. Paul. De la sorte, les entrepreneurs qui ont parfois un petit lousse entre deux contrats ont pu récolter de façon plus soutenue en forêt privée.»
Un potentiel de 800 000 mètres cubes
Le SPBAT entend d’ailleurs poursuivre ses efforts pour que la forêt privée contribue davantage à l’économie de la région. Il faut dire que celle-ci dispose d’un potentiel de production de 800 000 mètres cubes de bois par année.
«Avec Forex qui va débuter sa production à Amos, on devrait avoir de bons débouchés pour les volumes de tremble qu’il nous reste à écouler. Quant au bois résineux, on peut en écouler tant qu’on veut: les usines en veulent beaucoup par les temps qui courent. C’est d’ailleurs le message qu’on veut lancer aux propriétaires de boisés: n’ayez pas peur de la surtaxe sur le bois d’œuvre, car les marchés sont excellents en ce moment», a fait valoir Stéphane Paul.
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