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16 mai 2018

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Trop d’arsenic et de manganèse dans les puits artésiens de la région

La contamination serait d’origine naturelle

©La Frontière/Le Citoyen - Archives/Patrick Rodrigue

Plusieurs Abitibiens qui s’alimentent en eau potable à partir de puits artésiens auraient avantage à faire analyser leur eau deux fois plutôt qu’une. Celle-ci pourrait en effet contenir beaucoup plus d’arsenic et de manganèse que la concentration maximale recommandée.

Ce constat a été présenté le 7 mai au congrès annuel de l’Acfas, l’Association francophone pour le savoir, par Raphaël Bondu, chercheur rattaché à l’Institut de recherche en mines et en environnement (IRME) de l’UQAT. Celui-ci en avait d’ailleurs fait l’objet de sa thèse de doctorat, soutenue avec succès le 20 avril 2017.

Cocktail de contaminants

M. Bondu a analysé une vingtaine de puits creusés dans les environs de Rouyn-Noranda. Dans 42 % des cas, les résultats ont rapporté une teneur trop élevée en arsenic, un élément cancérigène qui pourrait notamment favoriser l’apparition de certains types de diabète et de maladies de la glande thyroïde. Alors que la concentration maximale recommandée par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) est de 10 milligrammes par litre d’eau, celle des puits examinés variait de 0,7 à 219,2 milligrammes par litre.

Des concentrations trop importantes de manganèse, une matière pouvant perturber le développement du cerveau chez les enfants, ont aussi été observées dans tous les puits sauf un. Les taux variaient de 0,04 à 1,69 milligramme par litre, alors que la recommandation du MDDELCC est plutôt de 0,12 milligrammes par litre.

Enfin, le chercheur de l’IRME a également identifié des teneurs trop élevées en fer dans 58 % des puits évalués. Si le fer n’a pas vraiment d’incidence sur la santé, sa forte concentration modifie le goût et la couleur de l’eau et tache les vêtements et les électroménagers.

Phénomène naturel

Dans une région où les mines sont omniprésentes, d’aucuns seraient tentés de blâmer l’industrie minière. En effectuant diverses analyses hydrochimiques et minéralogiques ainsi que des essais de lixiviation, une méthode qui consiste à extraire de l’eau toutes les matières qui peuvent s’y dissoudre, Raphaël Bondu a toutefois pu démontrer que ce n’est pas le cas.

En fait, la présence de ces contaminants dans l’eau des puits artésiens serait due à un phénomène naturel d’érosion. Ce serait particulièrement le cas pour les puits creusés dans des failles géologiques connues, comme celle de Cadillac ou celle de Destor-Porcupine, où le sol est naturellement riche en minéraux sulfurés. Ceux-ci se dissolvent progressivement dans la nappe phréatique et vont se concentrer dans l’eau des puits.

Des inquiétudes qui ne datent pas d’hier

En mars 2011, la Direction de santé publique (DSP) de l’Abitibi-Témiscamingue avait d’ailleurs sonné l’alarme après avoir obtenu les résultats d’une étude de surveillance biologique réalisée de 2008 à 2010 auprès de 304 personnes, dont 261 adultes, réparties dans 153 foyers de la région.

La DSP avait alors identifié plusieurs localités susceptibles de voir leur eau contaminée par l’arsenic ou le manganèse, étant donné leur emplacement sur les failles géologiques de la région. Il s’agissait de Chazel, Rapide-Danseur, Duparquet, Granada, McWatters, Saint-Mathieu-d’Harricana, Rivière-Héva et Dubuisson.

Analyses facultatives

Elle avait aussi recommandé aux propriétaires de résidences de faire analyser au moins une fois par année l’eau de leur puits, en ciblant spécifiquement l’arsenic, auprès d’un laboratoire certifié. Une recommandation que M. Bondu a réitérée lors de son exposé au congrès de l’Acfas.

Cependant, a-t-il rappelé, même si le MDDELCC recommande de réaliser des tests de qualité au moins deux fois par année, aucun règlement n’y contraint les propriétaires de puits artésiens privés.

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