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21 avril 2018

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

Attention les 50 ans et plus, vos candidatures sont bienvenues dans plusieurs entreprises

©La Frontière - Lucie Charest

Seriez-vous surpris d’apprendre que les travailleurs de 50 ans et plus sont de plus en plus en demande dans le contexte de pénurie de main d’œuvre auquel plusieurs employeurs font face? Des intervenants à Vision travail, une participante et deux employeurs en sont pour le moins convaincus.

Francine Dunn vient de compléter sa participation au programme Intervention ciblée pour les travailleurs âgés (ICTA), dispensé par Vision Travail à Ville-Marie du 5 février au 5 avril. Son expérience a été d’autant plus enrichissante qu’elle lui a permis de mesurer la valeur de ses compétences et de s’adapter à l’évolution du marché du travail.
«J’étais travailleuse autonome en comptabilité et en fiscalité depuis plus de 20 ans, a-t-elle précisé. J’ai aussi travaillé pour différents employeurs. Je souhaitais explorer le marché du travail actuel. J’avais ressenti un besoin d’être davantage en contact avec les gens.»
C’est ainsi qu’elle a pu découvrir, à travers un stage d’observation, en quoi consistait le service à la clientèle. Et valider par le fait même qu’elle avait développé tout au long de son parcours de travailleur autonome de belles compétences dans ce secteur.

Candidatures spontanées
Josée Rannou, conseillère en emploi, a accompagné Mme Dunn pendant son parcours de huit semaines chez Vision travail. Pour elle, les affichages de postes ne représentent que la pointe de l’iceberg.
«Nous avons travaillé sur les candidatures spontanées, a-t-elle indiqué. C’est-à-dire aller se présenter à un employeur éventuel sans qu’il y ait de poste affiché, puis faire valoir ses compétences et son intérêt à travailler dans cette entreprise. Dans un contexte de plein emploi, il faut développer de nouvelles stratégies. Et ce n’est pas forcément dans la façon de faire des 50 plus, qui ont occupé le même emploi pendant de nombreuses années. À l’époque, un poste était affiché, ils avaient les connaissances pour l’occuper, ils soumettaient leur candidature. Maintenant, il faut être beaucoup plus proactif. Plusieurs ont même obtenu un poste immédiatement après leurs études et l’ont occupé toute leur vie.»

Équivalence de compétences
Mme Dunn va plus loin. En participant au programme ICTA, elle s’est aussi rendu compte que lorsqu’un poste était affiché, elle pouvait le décortiquer à travers la description de tâches et cibler les compétences équivalentes qu’elle avait développées à travers son propre travail.
«Je n’ai pas de formation en service à la clientèle, mais dans mon travail autonome de comptable, j’ai développé des aptitudes à comprendre les besoins de ma clientèle et ma capacité d’entretenir de bonnes relations avec eux», a-t-elle fait observer.
Dany Racette est conseiller à l’emploi depuis six ans à Vision Travail de La Sarre. Le taux de placement de ses participants est parmi les plus élevés. L’expression «rehausser sa candidature», il la connaît.
«Pour la plupart des participants, la dernière recherche d’emploi remonte à 10 ou 15 ans, a-t-il signalé. Souvent, ils arrivent ici avec un doute en leur capacité à trouver un emploi, car le marché a tellement changé. Notre rôle consiste à les orienter vers leurs capacités à l’emploi, leur confiance en soi, leurs compétences et la valeur de leur expérience. Ils portent pour la plupart le mythe que l’emploi est principalement réservé aux jeunes.»
En clair, ils doivent travailler sur la connaissance de soi et du marché du travail ainsi que sur le développement des outils pour se présenter.

©La Frontière - Lucie Charest

Francine Dunn, une participante au Programme ICTA de Vision travail.

Évolution des priorités
En participant au programme ICTA, Francine Dunn a fait face à un autre choix auquel elle ne s’attendait pas à être confrontée, soit celui d’accepter une diminution de revenus pour faire un travail qui lui procurait une plus grande satisfaction sur le plan personnel.
«Il a fallu que je travaille fort sur moi, pour faire ce choix, a-t-elle admis. Accepter de ne plus faire 25 $ de l’heure toute seule chez moi, mais plutôt faire 16 $ à 17 $ à l’extérieur, voir du monde et être satisfaite de ce que ma journée de travail me procure sur le plan personnel, ce n’est pas évident. Je travaille encore là-dessus.»
Ce questionnement face à la rémunération ne serait pas uniquement le lot de Francine Dunn. «Des travailleurs d’une génération plus jeune favoriseraient un salaire plus élevé qui leur permettra de faire différentes expériences de travail et aussi à l’extérieur de leur travail, a confirmé Josée Rannou. Les 50 ans et plus choisiront plutôt d’investir dans la stabilité de leur emploi et le sentiment d’accomplissement que cela leur procure. Possiblement que lorsqu’ils étaient plus jeunes, cela était différent.»

On mise sur les jeunes pour la relève, mais les 50 ans et plus ont beaucoup de vécu. Ils sont à une autre étape de leur vie et ils ont un sens de l’organisation déjà bien structuré. -Martin Drolet

Du côté de l’employeur
Martin Drolet, propriétaire de J. Drolet et fils BMR à Ville-Marie, avoue avoir une belle ouverture envers les employés de la tranche d’âge des 50 ans et plus. Leur stabilité, leur sens des responsabilités ainsi que leur disponibilité à être coachés et à suivre des formations seraient des atouts importants dans un type d’entreprise comme la sienne.
«On mise sur les jeunes pour la relève, mais les 50 ans et plus ont beaucoup de vécu. Ils sont à une autre étape de leur vie et ils ont un sens de l’organisation déjà bien structuré, a-t-il spécifié. Aussi, ils ont moins d’obligations familiales. La beauté, parfois, c’est qu’ils ne visent pas nécessairement un temps plein à 40 heures par semaine. Ça peut même devenir intéressant en ce sens que pouvons avoir deux personnes à mi-temps pour combler un poste. Il faut de plus en plus être créatif avec la pénurie de main d’œuvre.»
Uniquement au BMR à Ville-Marie, une dizaine des 25 employés font partie de cette catégorie d’âge. Jusqu’à maintenant, M. Drolet n’avait pas encore reçu de participant à un stage d’observation de Vision travail, mais s’est dit intéressé à y regarder de plus près.
Témisko, à Notre-Dame-du-Nord, a accueilli des 50 ans et plus à deux reprises dans le cadre de clubs de recherche d’emploi. Le directeur général, Claude de la Chevrotière, a principalement apprécié cette expérience, bien qu’il avoue avoir été surpris de constater à quel point les travailleurs de ce groupe d’âge manquaient parfois d’assurance en regard de tous leurs acquis.
«Au cours de la dernière année, j’ai embauché deux personnes de 60 ans et plus et trois de 50 ans et plus, a-t-il recensé. Juste pour vous dire à quel point ces travailleurs sont recherchés, j’en ai un de 60 ans et plus que je me suis fait prendre par une autre entreprise pour ses compétences techniques et ses qualités de savoir-être!»
«Ces personnes sont des exemples de fiabilité, a-t-il renchéri. On peut leur assigner une tâche et les oublier pour passer à autre chose la tête tranquille. Souvent, ils n’hésiteront pas non plus à venir chercher des clarifications s’ils ne sont pas sûrs d’avoir bien compris. Ils ont une ouverture à recevoir de la formation ou à être compagnonnés s’ils ne maîtrisent pas entièrement le travail à accomplir.»

©La Frontière - Lucie Charest

Martin Drolet avait déjà de l’ouverture à embaucher des 50 ans et plus. Il entend recevoir éventuellement des participants de Vision Travail.

Aptitudes versus attitude
Actuellement, Témisko fournit de la formation à des soudeurs après les avoir embauchés pour leur savoir-être.
«Un métier, ça s’apprend; le savoir-être, le savoir-vivre, c’est plus complexe, a souligné le directeur général, Claude de la Chevrotière. De plus en plus, il arrive même que nous n’affichions pas les postes et préférions attendre le candidat qui aurait l’attitude recherchée pour combler ce poste, quitte à le former par la suite.»
En ce sens, M. de la Chevrotière affirme toujours accueillir les gens qui demandent à le rencontrer pour éventuellement travailler chez Témisko, même s’il n’y a pas d’emplois affichés au moment où ils se présentent.
Pour illustrer cette nouvelle tendance de recherche d’emplois, Josée Rannou trace une ligne entre les différentes composantes d’un travailleur, soit les connaissances acquises (le savoir), la mise en action de ces connaissances (le savoir-faire) et la manière dont on met le tout en application (le savoir-être).
«Il y a quelques années, on faisait des envois massifs de CV, a rappelé Dany Racette, de Vision Travail à La Sarre. Aujourd’hui, il faut cibler une entreprise et montrer à l’employeur que tu veux travailler avec lui. L’attitude l’emporte maintenant sur les aptitudes. Si un employé n’a pas une bonne attitude, ça a une incidence sur le reste de l’équipe, ça apporte du sable dans l’engrenage. Il ne faut jamais oublier que si un employeur peut embaucher sur les aptitudes, ce sera toujours sur les attitudes que l’employé sera congédié.»


Au cours des dernières années, les groupes de Vision Travail de Ville-Marie, Rouyn-Noranda et La Sarre ont été très productifs, avec une moyenne de taux de placement de 78 % en 2015-2016 et de 72 % en 2016-2017. Les statistiques compilées le démontrent bien.

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Note: un groupe de Vision travail démarrera à La Sarre et à Rouyn-Noranda pendant la première semaine de mai.

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