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09 mars 2018

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Aires protégées et foresterie: deux poids, deux mesures?

©La Frontière/Le Citoyen - Archives

L’Action boréale Abitibi-Témiscamingue s’insurge de l’apparente contradiction entre les consultations publiques relatives aux plans d’aménagement forestier et l’application de ces derniers sur le terrain. Selon le groupe, on assisterait à une politique du deux poids, deux mesures.

Tel que prévu par la loi, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) doit soumettre chaque plan quinquennal d’aménagement de la forêt aux populations concernées. Les gens peuvent alors exposer leurs préoccupations, proposer des modifications, etc. Or, selon l’Action boréale, la réalité serait tout autre.

Encore loin du compte

«Dans des petits encarts publiés dans les journaux régionaux pour nous inviter à consulter ce plan, sans plus, on nous demande de déposer nos commentaires, puis de l’avaliser. Avaler serait un terme plus juste», a dénoncé le président du groupe, Henri Jacob, par voie de communiqué.

Il en veut pour preuve le précédent plan, qui couvrait la période 2013-2018. «Celui-ci avait prévu une collaboration étroite entre le ministère responsable des forêts et celui de l’environnement afin d’atteindre, en 2020, la protection de 17 % de notre territoire. On est encore loin du compte, pas même 10 %», a exposé M. Jacob.

Les compagnies forestières avant tout le reste

L’Action boréale s’inquiète cependant encore plus de certaines dispositions prises par le MFFP favorisant, selon elle, les compagnies forestières avant tout le reste.

«Comme le petit bois est de plus en plus au nord, de plus en plus loin, ça coûte plus cher à aller le chercher. Le gouvernement a donc décidé de venir à la rescousse des compagnies. D’abord, en ne facturant aucun arbre au diamètre plus petit que 10 cm, soit 35 % de la récolte, puis en s’accaparant les zones forestières les plus productives du Sud, de préférence près des villes et des usines, pour booster le rendement des arbres. À nos frais, bien entendu», a expliqué Henri Jacob.

Étouffer les aires protégées?

Et c’est là où le bât blesse, soutient l’Action boréale. Selon le groupe, le plan d’aménagement 2018-2023, sous sa forme actuelle, empièterait tellement sur les projets d’aires protégées qu’il y voit même là une tentative gouvernementale de les étouffer.

«Alors qu’il a fallu parfois 15 ans de tractations pour qu’un petit bout d’aire protégée voie le jour, après des audiences publiques pour chacune des propositions émises en ce sens, d’un coup sec, Québec veut geler 25 % du territoire pour faire de l’intensification, et ce, sans même aucune discussion. Nous demandons que ces territoires soient soumis aux mêmes règles que celles qui ont présidé à la création d’aires protégées. On ne veut pas du deux poids, deux mesures», a lancé M. Jacob.

Le ministre muet

Après de nombreuses tentatives répétées par téléphone et par courriel sur un horizon de près de trois semaines, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, n’a pas donné suite aux requêtes du journal pour obtenir ses commentaires sur les inquiétudes exprimées par l’Action boréale. La réponse est plutôt parvenue de son attaché de presse, Youann Blouin.

Participation active de l’Action boréale

Celui-ci a notamment rappelé que deux consultations avaient eu lieu pour l’Abitibi-Témiscamingue et que dans chacun des cas, elles avaient été publicisées dans les journaux régionaux, en plus d’avoir été annoncées à la radio et sur Facebook.

De plus, avant ces consultations, les plans d’aménagement avaient été soumis pour analyse aux quatre Tables locales de gestion intégrée des ressources et du territoire (TLGIRT). «L’Action boréale est membre de deux de ces tables et elle a participé activement aux travaux», a précisé M. Blouin.

Pas soumises à l’audience publique

Il a également souligné que, contrairement aux prétentions de l’Action boréale, les tiges de moins de 10 cm ne sont pas récoltées au Québec. «Au contraire, le MFFP préconise leur protection puisqu’elles représentent les peuplements forestiers de demain», a-t-il fait observer.

Quant aux aires consacrées à l’intensification de la production forestière, celles-ci représentaient 5 % du territoire public dans le plan quinquennal 2013-2018, tandis que la cible pour 2018-2023 est de 15 %. Là aussi, elles sont soumises aux TLGIRT. «Ces aires ne constituent donc pas un zonage exclusif. Il ne s’agit pas non plus d’un changement de statut du territoire comme pour la mise en place d’une aire protégée. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas d’audience publique en ce qui les concerne», a expliqué Youann Blouin.

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