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28 mars 2018

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Un ancien combattant monte au front pour défendre les droits des personnes handicapées

©La Frontière/Le Citoyen - Patrick Rodrigue

Après avoir servi pendant quelques années dans les Forces armées canadiennes, Daniel Viens veut maintenant mettre ses capacités au profit d’un autre combat, celui des droits des personnes vivant en Abitibi-Témiscamingue avec un handicap visuel.

Natif d’Amos et résidant à présent à Rouyn-Noranda, M. Viens a reçu un diagnostic de glaucome en 1994. Il était alors âgé de 25 ans. Son état est cependant demeuré stable, ce qui lui a permis de servir dans la marine des Forces armées canadiennes pendant quelques années, puis de suivre une formation en électromécanique et de décrocher un emploi d’électricien d’appareillage à la centrale Robert-Bourassa (LG-2) d’Hydro-Québec.

Je n’avais pas envie de passer 30 ans dans mon salon pour crever en me disant que je n’avais rien fait de ma vie -Daniel Viens

Tout bascule

Tout allait bien dans la vie de Daniel Viens jusqu’en 2013, où tout a basculé.

«La pression dans mon œil gauche s’est mise à monter. J’ai dû me faire poser d’urgence à Montréal un implant de contrôle de pression. Mais une semaine plus tard, j’ai subi un glaucome malin. C’est une complication post-opératoire rare. Désormais, je vois embrouillé de l’œil gauche. Ça aurait pu en rester là, mais en 2015, j’ai vécu exactement le même problème dans l’œil droit, à la seule différence que le glaucome malin s’est déclaré un mois plus tard», a raconté l’ancien militaire.

En raison de son nouveau handicap visuel, M. Viens s’est vu retirer son permis de conduire. Et comme son emploi nécessitait une excellente vision, il a été licencier. «En l’espace de quelques semaines, je venais de tout perdre, a-t-il mentionné. Durant les mois qui ont suivi, avant que je ne sois pris en charge par le Centre de réadaptation La Maison, je suis passé par toutes les étapes du deuil. Ce n’était vraiment pas beau à voir!»

Retrousser ses manches

Doté d’un caractère fort, Daniel Viens a décidé de se relever et de canaliser son énergie. Il a donc entrepris des démarches auprès de nombreuses instances, dont le ministère des Anciens combattants, afin d’obtenir le soutien et les indemnisations auxquels il a droit.

En plus de se préparer à occuper de nouveau un emploi, il agit aussi, depuis l’automne 2016, comme bénévole auprès de la section Québec de l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA-Québec) et de l’Association des personnes handicapées visuelles de l’Abitibi-Témiscamingue (APVH-AT). «Je n’avais pas envie de passer 30 ans dans mon salon pour crever en me disant que je n’avais rien fait de ma vie», a-t-il lancé.

Beaucoup de retard à rattraper

Ces démarches ont amené M. Viens à constater que la région fait bien piètre figure en matière de services adaptés pour les gens vivant avec une déficience visuelle.

«Comme bénévole d’INCA Québec, je constate ce qui se fait ailleurs, et c’est presque gênant de dire que je viens de l’Abitibi-Témiscamingue lorsque je rencontre des gens de l’extérieur, a-t-il déploré. Nous avons de bons services de réadaptation, mais pour tout ce qui touche la vie quotidienne et les loisirs, nous sommes encore très loin de ce qu’offrent les grands centres. Je veux bien croire que l’éparpillement des personnes handicapées sur un territoire aussi vaste que le nôtre nous prive d’une masse critique, mais pour bien des aspects, de simples petites modifications feraient toute la différence. Souvent, il existe même des programmes gouvernementaux pour défrayer une partie des coûts.»

L’ancien militaire dresse aussi un bilan navrant en matière d’embauche. «Sur une entrevue de 45 minutes, je peux me faire interroger pendant une demi-heure sur mon handicap. Après seulement on s’intéresse au contenu de mon c.v. Ce n’est pourtant pas parce que je suis handicapé que je ne peux rien faire», a-t-il évoqué.

Remonter au front

C’est pourquoi Daniel Viens souhaite à présent monter au front pour mieux défendre les droits des personnes handicapées visuelles, notamment en s’impliquant au sein du conseil d’administration de l’APVH-AT.

«L’humain est naturellement peureux: il se méfie de ce qu’il ne comprend pas, a-t-il signalé. Par mon exemple et mes batailles, je veux stimuler d’autres personnes, les inviter à agir et à se dire qu’elles aussi, elles peuvent faire avancer les choses. L’idéal, ce serait d’apprendre à quelques personnes influentes à ne pas paniquer lorsqu’une personne handicapée arrive dans leur milieu. Après, ça va faciliter les changements de mentalités et ouvrir d’autre portes.»

«Il y a pas mal de défis à relever collectivement, mais je suis individuellement prêt à le faire», a ajouté M. Viens, en guise de conclusion.

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