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14 février 2018

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Crise de la main-d’œuvre: pression croissante sur les jeunes

Maraudage et travail excessif se marient mal avec les études

©La Frontière/Le Citoyen - Archives/Patrick Rodrigue

Alors que les Journées de la persévérance scolaire battent leur plein, plusieurs instances de Rouyn-Noranda s’inquiètent des pressions qui sont exercées sur les étudiants pour combler rapidement des postes ou travailler plus d’heures en raison de la crise de la main-d’œuvre.

«On ne se plaindra pas de la vigueur de notre économie, mais comme les mines drainent beaucoup de monde, il y a moins de gens pour travailler ailleurs. Les commerces de détail et les entreprises de services en font particulièrement les frais. Afin de combler le manque, les étudiants sont donc très sollicités pour travailler un plus grand nombre d’heures que ce à quoi ils s’étaient engagés», a indiqué Jean-Claude Loranger, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda (CCIRN).

Si les employeurs veulent des employés compétents, qu’ils les laissent diplômer! -Sylvain Blais

Sensibilisation

La CCIRN demeure d’ailleurs très sensible au problème. Déjà, au début des années 2010, elle avait mené une campagne de sensibilisation auprès de ses membres afin qu’ils n’exercent pas trop de pression sur les étudiants, surtout lors des périodes d’examens. Depuis, elle les relance sur une base régulière. «Nous n’encourageons vraiment pas cette pression, a assuré M. Loranger. Si le problème actuel devient trop criant, nous allons intensifier notre sensibilisation.»

La Commission scolaire de Rouyn-Noranda (CSRN) confirme que les employeurs demeurent conscients de cet aspect. «On voit qu’il y a une pression plus forte sur les élèves du secondaire, mais les employeur subissent aussi, en retour, des pressions des parents et des écoles pour ne pas trop faire travailler les jeunes. Je pense qu’on est en train d’atteindre un certain équilibre», a commenté le président du Conseil des commissaires de la CSRN, Daniel Camden.

Maraudage d’étudiants

Un autre problème généré par la crise de la main-d’œuvre est le maraudage d’étudiants en cours de programme pour combler des postes vacants. Dans certains cas, les employeurs profiteraient même de leur participation dans des foires de l’emploi organisées par le milieu de l’éducation pour aller recruter directement des jeunes.

«Nous l’avons vécu tout récemment en Électronique industrielle, alors que nous avons perdu des étudiants qui avaient complété deux de leurs trois années de formation. Ils ont été approchés par un employeur et ne sont jamais revenus», a déploré Sylvain Blais, directeur général du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.

La formation professionnelle moins touchée

Ce maraudage s’observe aussi au niveau de la formation professionnelle, mais dans une moindre mesure. «Comme il s’agit, pour la plupart des cas, de formations de courte durée, les employeurs sont prêts à attendre. Surtout que les stages en milieu de travail leur permettent déjà de se familiariser avec leurs futurs employés. La plupart du temps, lorsque des élèves quittent en cours de formation, c’est pour des raisons de manque d’argent», a signalé M. Camden.

Et les décrocheurs?

En ce qui a trait aux décrocheurs qui abandonnent leurs études avant d’obtenir un diplôme d’études secondaires, il est difficile pour la CSRN d’effectuer un suivi puisque ceux-ci ne relèvent alors plus de sa juridiction. Et ceux qui reviennent dans le milieu scolaire par l’éducation aux adultes ne sont pas tenus d’exposer les raisons pour lesquelles ils avaient quitté.

«Ça reste quand même marginal, a souligné Daniel Camden. Un jeune qui ne possède aucun diplôme, ce n’est généralement pas très attrayant pour un employeur.»

L’importance d’un diplôme

Pour sa part, M. Blais comptait profiter du Salon stages et emplois, que le Cégep et l’UQAT a organisé conjointement, les 13 et 14 février, pour insister auprès des employeurs sur l’importance de laisser les étudiants obtenir leur diplôme.

«S’ils veulent des employés compétents, qu’ils les laissent diplômer! Lorsqu’un employeur retire un étudiant de son programme pour lui offrir un emploi, non seulement il se prive d’un certain niveau de compétences, mais en plus cet étudiant prend peut-être la place d’un travailleur qualifié d’ailleurs qui, lui, aurait pu combler le poste. Et si cet employeur doit ensuite procéder à des mises à pied, l’étudiant se retrouvera au chômage sans diplôme. C’est moins évident de se replacer à ce moment-là. Et il est très difficile de retourner aux études une fois qu’on a passé quelques années sur le marché du travail», a exposé le directeur général du Cégep.

De son côté, la CCIRN insiste auprès de ses membres sur l’importance de ne pas embaucher un jeune à temps plein s’il n’a pas terminé son secondaire. «Même dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, un diplôme reste très important. Nous voulons le rappeler à nos membres, mais aussi à nos jeunes», a conclu Jean-Claude Loranger.

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