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08 novembre 2017

Un projet de loi pour «assurer» la sécurité des enfants?

Projet de loi 143

©depositphotos.com/mesike

Alors qu’une entente de principe est survenue entre le gouvernement et les travailleurs en CPE, plusieurs propriétaires de services de garde en milieu familial non subventionnés s’inquiètent pour l’avenir de leurs petits protégés.

Plusieurs éléments du projet de loi 143 que le gouvernement désire mettre en place pour assurer la sécurité des enfants suscitent de vives réactions chez les propriétaires de services de garde en milieu familial privé non subventionnés. Par son projet de loi, le gouvernement désire implanter le programme éducatif des CPE dans les services de garde privés non subventionnés.

«Le gouvernement est en train de nous dire "embarque dans le moule ou ferme"» -Karine Gaudet

Karine Gaudet a fait le choix d’ouvrir son service de garde privé non subventionné à Val-d’Or. Elle désirait être son propre patron pour différentes raisons.

«J’ai un service de garde ouvert 24 heures, a-t-elle défini. Les parents qui utilisent mon service sont principalement des policiers, infirmiers, ambulanciers, des parents monoparentaux qui travaillent de soir et le week-end. Je ne colle pas au moule des CPE. Si je désirais m’affilier, on me limiterait à 10 heures d’ouverture par jour.»

 «Je veux rester maître de ma maison. Je fais des activités éducatives avec mes jeunes comme ils apprennent le partage et le respect. Par contre, je veux qu’ils restent des enfants jusqu’à cinq ans. C’est important qu’ils fassent des jeux libres et qu’ils explorent», a ajouté une propriétaire de services de garde à Rouyn-Noranda qui désire conserver l’anonymat.

Moins d’enfants

Selon le projet de loi, le nombre d’enfants passera de 6 à 4 en incluant les enfants de 9 ans et moins qui habitent ordinairement avec la responsable.

«J’ai moi-même trois enfants. Présentement, je peux accueillir  six enfants en excluant les miens. Avec la nouvelle loi, je ne pourrai en accueillir qu’un seul. Si je n’ai droit qu’à un enfant, ça ne sert plus à rien. Je n’ai plus qu’à fermer mon service de garde», a indiqué Mme Gaudet.

En cas de réduction du nombre d’enfants, les propriétaires de services de garde privés non subventionnés devraient se séparer de deux enfants.

«Je connais des personnes qui ne dorment plus la nuit parce qu’elles devront choisir les enfants qui resteront dans leur service de garde. C’est comme choisir parmi nos propres enfants celui qu’on aime le plus», a imagé Karine Gaudet.

L’enjeu financier causé par la réduction du nombre d’enfants entraînera de nombreuses conséquences pour les propriétaires de services de garde privés non subventionnés.

«Je n’arriverai pas à survivre si l’on coupe mon salaire de moitié. C’est la réalité de plusieurs travailleurs autonomes en milieu de garde. Je vais devoir vendre ma maison. Certains couples ne seront plus en mesure de faire leurs paiements et cela pourra mener jusqu’à des faillites», a affirmé la femme de Rouyn-Noranda.

Guichet d’attribution

L’obligation de faire affaire avec le guichet d’attribution des places, communément appelé La Place 0-5 ans suscite également la gronde. Les propriétaires ont l’impression qu’elles perdent leur droit de choisir les parents et les enfants qui vont fréquenter leur service de garde.

«Si l’on se soumet au guichet d’attribution, nous allons perdre notre privilège de choisir les parents et les enfants avec qui nous désirons travailler. Ces gens-là viennent dans ma famille, je trouve cela important que nos valeurs se rejoignent», a souligné la propriétaire d’un service de garde privé de Rouyn-Noranda.

Les deux personnes avec qui nous avons discuté ont précisé qu’elles étaient en accord avec la mise en place de réglementation en ce qui a trait à l’obligation d’avoir un cours de RCR, suivre une formation du MAPAQ, faire une vérification des antécédents judiciaires.

Se faire entendre

Une manifestation est prévue sur la colline parlementaire de Québec, le dimanche 12 novembre. Les propriétaires de services de garde privés non subventionnés se réuniront pour démontrer leur désaccord.

Un groupe Facebook a également été créé afin de se tenir au courant des derniers développements du projet de loi. Vous pouvez faire une demande pour joindre le groupe RSG non-accrédités, tenons-nous ! Contre le projet de loi n° 143.

Les parents utilisateurs de ce type de service de garde et les propriétaires sont aussi invités à faire parvenir des lettres à leur député afin de démontrer leur appui à leur service de garde.

La loi 143 en quelques points

Près de 2400 services de garde privés non subventionnés sont en opération au Québec.

Il est impossible de connaître leur nombre dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue puisqu’il n’existe pas d’association.

Le nombre d’enfants passera de 6 à 4 en incluant les enfants de 9 ans et moins qui habitent ordinairement avec la responsable.

Le gouvernement estime que la réduction du nombre d’enfants pourrait engendrer une perte financière annuelle d’environ 16 000 $.

Les services de garde auront l’obligation de s’inscrire au guichet unique de la Place 0-5 ans.

Enfants lésés?

L’association québécoise des CPE (AQCPE) qui milite pour l’application du nouveau projet de loi laisse sous-entendre que la qualité des services de garde en milieu familial privés non subventionnés est de piètre qualité. En adoptant le projet de loi, tous les enfants auront enfin des chances égales de réussir, puisqu’ils auront accès à des services standardisés.

Lors de la présentation de son mémoire en faveur du projet de loi 143, le président-directeur général de l’AQCPE Louis Sénécal n’a pas été tendre envers les services de garde privés en milieu familial.

«Il a insinué que les services que nous offrions étaient médiocres. Il a souligné que les parents québécois n’étaient pas en mesure de faire un libre choix concernant le milieu de garde de leur enfant parce qu’ils ne savent pas à quel point nous sommes médiocres. En adoptant le projet de loi 143, les parents ne pourront plus choisir des milieux qui ressemblent à leur maison», a fait valoir la propriétaire de Rouyn-Noranda.

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