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15 mai 2017

Meurtriers sur mesure

Voilà un titre bien particulier pour cette chronique. Mais celui-ci est emprunté d’un livre que j’ai lu en moins de trois jours et qui m’a bouleversé.

Jean-Claude Bernheim, criminologue, a mis trois ans pour rédiger un récit sur ce qui a été l’un des crimes les plus médiatisés de notre région : l’affaire Sandra Gaudet. Loin de moi de vouloir, par cette chronique, prendre position, mais lorsqu’on est avocat criminaliste, cette histoire ne peut que nous interpeller. Je suis d’ailleurs redevable à mon amie qui m’a forcé la main pour lire ce bouquin qui, par sa recherche, remet en question plusieurs idées reçues.

Le livre de M. Bernheim est une pierre de plus dans l’argumentation de la défense des accusés. Je regrette qu’il y ait eu peu de retombées médiatiques à sa sortie. Car si seulement la moitié de ce qu’on peut y lire est vrai, à n’en pas douter, notre région a connu l’une de ses pires erreurs judiciaires.

Mais commençons par le début. Qui chez nous n’a pas entendu parler de ce meurtre? Quiconque demeurait en Abitibi, particulièrement à Val-d’Or, se souvient de ce jour du 12 mars 1990 où le corps de la jeune Sandra Gaudet a été retrouvé.

Peu savent toutefois les dessous de l’enquête qui ont amené la Couronne à porter des accusations de meurtre contre Hugues Duguay et Billy Taillefer ainsi que des accusations de complicité contre le père de Billy, Laurent Taillefer. Pourtant, à l’époque, tout le monde avait une opinion.

«La police a trouvé les coupables»; «il n’y a pas de fumée sans feu»; «la justice ne peut pas se tromper». Pour plusieurs, l’affaire était close dès les premières arrestations. Ils ont d’ailleurs été condamnés à la prison à vie en 1991.

Mais c’était sans compter les familles des accusés qui n’ont jamais cru que leurs proches étaient coupables.

Preuves cachées, enquête bâclée et surtout, enquête dirigée sur seulement deux individus, laissant de côté ou ignorant des témoins qui auraient dû à tout le moins soulever un doute dans la tête de plusieurs.

La Cour suprême les a finalement libérés en 2006, 15 ans plus tard.

Le livre expose des manquements importants à l’enquête d’alors et qui ont finalement mené à leur libération. Des preuves favorables aux deux accusés auraient notamment été cachées à leurs avocats.

Ce qui est triste au sortir de cette lecture, c’est que plus de 25 ans après les faits, ces dossiers ont fait beaucoup plus de victimes que Sandra Gaudet. Des accusés ont purgé des années de détention pour rien. Les parents des accusés ont laissé une partie de leur santé pour prouver leur innocence et pire : un ou des coupables qui sont encore en liberté.

Meurtriers sur mesure s’impose pour que jamais plus telle horreur ne se reproduise.

À lire pour ceux et celles que la justice intéresse et qui croient que celle-ci doit rester un rempart face aux abus que certaines personnes n’hésitent pas à utiliser pour faire triompher leur version des événements.

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