18 juillet 2017

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

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©Photo tirée de Facebook

Cette importante différence d’âge a d’ailleurs été évoquée comme facteur aggravant par la procureure de la Couronne, Me Mélissa Plante, lors du prononcé de la sentence par le juge Marc E. Grimard, le 17 juillet au Palais de justice de Rouyn-Noranda.

On m’aurait proposé une peine de pénitencier et je l’aurais acceptée -Le juge Marc E. Grimard

Maintenant âgé de 30 ans, St-Pierre Ippersiel avait plaidé coupable, le 3 avril, aux deux accusations de contacts sexuels et d’incitation à des contacts sexuels sur une victime d’âge mineur qui pesaient contre lui depuis le 11 août 2016.

Consentante, mais pas l’âge légal

«Le 1^er décembre 2014, l’accusé a rencontré la victime par hasard dans la rue. Il l’a invitée à embarquer dans son véhicule et l’a conduite chez lui, où il lui a offert de l’alcool. Après en avoir consommé une bonne quantité, l’accusé a demandé son âge à la victime, qui a menti en lui disant avoir 13 ans. Puis, il lui a proposé une relation sexuelle. Elle a d’abord refusé. Il est ensuite allé prendre une douche et à son retour, la victime a acquiescé. Il y a d’abord eu cunnilingus, puis tentative de pénétration, mais l’accusé a arrêté lorsque la victime lui a dit ressentir une vive douleur puisque c’était sa première fois», a relaté le juge Grimard.

Par la suite, Jonathan St-Pierre Ippersiel et la victime se sont revus à cinq ou six reprises jusqu’au 1^er septembre 2015. «Il y a eu trois à quatre relations sexuelles complètes au cours de cette période, avec ou sans consommation d’alcool, a précisé le juge Marc E. Grimard. La victime était consentante, mais elle n’avait pas l’âge légal.»

«L’amour n’a pas d’âge»

Citant le rapport présentenciel, M^e Plante a indiqué que St-Pierre Ippersiel était immature et qu’il avait agi par naïveté en faisant preuve d’une sorte d’aveuglement volontaire.

«Lorsqu’il veut satisfaire ses pulsions sexuelles, l’accusé ignore les règles sociales, a mentionné la procureure de la Couronne. Même s’il a déclaré initialement qu’il pensait que la victime était majeure, il a admis lors de son évaluation psychosexuelle qu’il savait son âge. Questionné sur ce point, l’accusé s’est toujours placé sur la défensive. Il a même déclaré que "l’amour n’a pas d’âge".»

M^e Mélissa Plante a par ailleurs signalé que Jonathan St-Pierre Ippersiel était conscient d’avoir enfreint la loi et qu’il avait tout de suite produit une déclaration incriminante lors de son arrestation. «Nous ne sommes pas en présence d’une déviance sexuelle, a-t-elle précisé. L’accusé présente d’ailleurs un risque de récidive faible.»

15 mois de prison

D’un commun accord, la Couronne et l’avocat de la défense, M^e Marc Lemay, ont obtenu une sentence de 15 mois de détention, incluant la peine minimale obligatoire d’un an de prison, assortie d’une probation surveillée d’un an. St-Pierre Ippersiel devra aussi fournir un échantillon de son ADN et sera inscrit à vie dans le Registre national des délinquants sexuels. «Monsieur a pris conscience de ce qu’il a fait et je peux vous dire qu’il n’y aura pas d’autres événements», a assuré M^e Lemay.

«Ça fait trois ans que je n’ai pas eu le moindre contact avec la victime. Et après ma sentence, je vais aller vivre ailleurs. J’ai déjà déménagé de ville lorsque mon histoire est sortie dans les médias. J’ai aussi entrepris en juin un suivi psychiatrique pour ma dépression et mes symptômes anxieux», a fait savoir Jonathan St-Pierre Ippersiel au juge Grimard.

Pas d’excuse

«Vous pouvez faire valoir que la victime était peut-être physiquement plus développée que son âge, mais ce n’est pas une excuse, a répondu ce dernier. Il y a d’autres moyens pour connaître l’âge d’une personne, mais vous en avez fait fi. Il est possible qu’elle pouvait alors vivre des problèmes dans sa famille, mais au lieu de la supporter, vous en avez profité. On m’aurait proposé une peine de pénitencier et je l’aurais acceptée. Cependant, vous avez fait preuve d’honnêteté lors de l’enquête et vous avez un plan de vie. Je vous souhaite maintenant de le respecter.»

La séance s’est conclue par quelques rires discrets dans l’assistance lorsque le juge Marc E. Grimard a commis un lapsus en condamnant St-Pierre Ippersiel à 15 ans de prison. «Vous avez eu chaud, hein?», a-t-il lancé avec un sourire en coin.