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10 mars 2017

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

Un père incestueux écope d’une peine de 36 mois à l’ombre

©TC Media - Lucie Charest

Roger Labrosse jr, déclaré coupable d’attentat à la pudeur et d’inceste, a reçu sa sentence à Ville-Marie le 10 mars. La peine globale de 36 mois s’ajoute aux 42 mois qu’il purge depuis le 20 mai 2016 dans un autre dossier d’agression sexuelle sur une mineure.

La victime, sa fille, N. Labrosse, a livré un témoignage émouvant à la juge Renée Lemoine lors des représentations sur sentence. L’émotion dans sa voix, ses traits ravagés par la douleur, ne laissaient planer aucun doute sur les conséquences des abus dont elle a été victime. La dame, aujourd’hui dans la quarantaine, a pleuré à plusieurs reprises lorsqu’elle a évoqué le jugement porté sur elle à l’intérieur de sa famille, chez ses concitoyens, les difficultés qu’elle éprouvait encore aujourd’hui, à s’abandonner, à faire confiance.

Un enfant n’a pas la maturité de départager ses sentiments et souvent s’auto-responsabilise des faits. Il reste déchiré entre son amour et sa haine, son estime de soi est affectée. -Juge Renée Lemoine

Les premiers abus ont eu lieu alors qu’elle n’était âgée que de sept ou huit ans. «Alors qu’elle était enrhumée, son père l’avait entraînée dans le lit conjugal pour lui étendre du «Vicks» à la grandeur du corps, a rappelé la Couronne, Me Michèle Lacasse. Il en a profité pour lui toucher les parties génitales.» Ces abus avaient, à cinq ou six reprises, arboré différentes formes, jusqu’à mettre la main de l’enfant sur son pénis, alors qu’une forte odeur d’alcool imprégnait l’haleine du père prédateur.

Dépendance et faveurs sexuelles

Plus tard, alors qu’elle était adolescente, il l’a initiée au cannabis et aux opiacés. N. Labrosse a fui le domicile familial alors qu’elle était âgée de 17 ans seulement. Ce départ prématuré se serait produit au moment où elle a dénoncé les agissements de son père à sa mère.

La dépendance de la jeune femme envers les opiacés s’est aggravée avec le temps, tant et si bien qu’elle s’est retrouvée en lien étroit avec son père alors qu’elle avait la mi trentaine. Celui-ci lui fournissait différentes substances qui apaisaient les tourments et les douleurs qui la minaient. Peu à peu, pendant une période de trois années, les liens père-fille se sont resserrés. Ce dernier, toutefois, a profité de la vulnérabilité de N. Labrosse pour l’inciter à lui faire des faveurs sexuelles en échange de substances. Alors qu’il souffrait d’une hernie inguinale, il lui a demandé un jour de l’aider à la replacer à l’intérieur. Il a profité de l’occasion pour lui quémander de le masturber. Ce qu’elle a fini par accepter, jusqu’à consentir, au fil des rencontres ultérieures, à une relation sexuelle complète.

Également victime d’abus

«Mon client est un Algonquin de Kipawa, il a lui-même été déraciné de ses origines, il a eu une enfance difficile, il a été témoin et victime de violence, a rappelé la défense, Me Daniel Ouellette. Aujourd’hui, il n’est plus en contact avec les membres de sa famille. Il a entrepris des démarches pour recevoir de l’aide.»

Ce que Labrosse a confirmé, lorsque l’honorable juge Lemoine lui a demandé s’il avait quelque chose à déclarer avant de clore les représentations sur sentence. «J’ai commencé à me soigner et je n’arrêterai pas tant que je ne serai pas devenu complètement transparent», a-t-il soutenu.

Lorsqu’elle a prononcé la peine, la juge Lemoine, a insisté sur le fait, que la peine devait refléter le type de peine infligées au moment des faits, soit entre 1981 et 1983 et entre 2008 et 2012. Elle a également pris en considération le fait que Roger Labrosse a bien collaboré à l’élaboration des rapports et soit un Algonquin, ayant lui-même souffert de décisions gouvernementales.

«Les peines sont de plus en plus sévères, dans des cas similaires, a-t-elle indiqué. Un parent doit demeurer une figure de confiance et de protection et non se transformer en figure d’abus. Un enfant n’a pas la maturité de départager ses sentiments et souvent s’auto-responsabilise des faits. Il reste déchiré entre son amour et sa haine, son estime de soi est affectée. Une peine ne vise pas à réparer les conséquences des gestes commis, mais à dissuader de commettre de tels gestes.»

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