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16 février 2017

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

Pas de terres ancestrales autochtones à Destor

©TC Media - Archives/Thierry de Noncourt

Les revendications territoriales de la soi-disant communauté autochtone et métisse de Davangus, au nord de Rouyn-Noranda, viennent de prendre un sérieux coup de plomb dans l’aile. Un juge a statué que l’Abitibi ne serait aucunement incluse dans les ententes historiques qu’elle brandit comme arguments.

En mars 2014, les automobilistes qui circulent sur la route 101 ont vu apparaître à l’intersection du rang du Parc, dans le quartier Destor, un panneau stipulant qu’ils pénétraient sur le territoire des «Indiens et Métis de Davangus». L’affiche les invitait dans quatre langues différentes à respecter la Terre-Mère, leur spiritualité et leurs droits aborigènes.

Composé d’environ 450 individus, le groupe soutient que sa présence sur le territoire remonterait aux années 1920 et que, contrairement aux Anishinabe et aux Cris qu’on retrouve dans le nord-ouest du Québec, il descendrait des Micmacs de Listuguj, près de la frontière entre la Gaspésie et le Nouveau-Brunswick. Il souhaite donc la reconnaissance par Ottawa de son statut de bande indienne et que le territoire de Davangus devienne une réserve.

Aucune base solide

Dans un récent jugement relatif à un dossier de braconnage au gros gibier mettant en cause Roland et Martine Noël, deux membres de l’Alliance autochtone du Québec se réclamant de descendance micmaque, le juge Jacques Ladouceur de la Cour du Québec a cependant stipulé que leurs prétentions relatives à un territoire ancestral micmac en territoire abitibien ne reposeraient sur aucune entente historique. Une décision qui pourrait entraîner des répercussions sur les revendications de la bande de Davangus.

Des traités datant du 18e siècle

Dans leur défense, les intimés demandaient de reconnaître leur «généalogie autochtone sauvage micmaque» ainsi que les privilèges de chasser et pêcher en tout temps qui avaient été attribués auxdits Micmacs par la Couronne d’Angleterre. Comme arguments, ils invoquaient des traités de paix et d’amitié conclus en 1726, 1752, 1778, 1779 et 1780.

La poursuite a plutôt fait valoir qu’aucune allégation ne venait prouver que l’Abitibi a jamais fait partie du territoire ancestral de chasse de la nation micmaque. Pas plus que la chasse en Abitibi avait été une activité que les traités conclus au 18e siècle entre les Micmacs et les Britanniques entendaient protéger.

Même s’ils étaient considérés comme Micmacs, les prétentions des défendeurs sont sans fondement et vouées à l’échec -Le juge Jacques Ladouceur

Pas de communauté de référence

Le juge Ladouceur devait d’abord déterminer si les défendeurs appartenaient à une quelconque collectivité micmaque contemporaine. À cet effet, il a statué qu’aucun lien d’identification avec une telle communauté de référence ne pouvait être établi.

«Les documents fournis concernant la généalogie maternelle amérindienne ont pour seul fondement une connexion avec Magdeleine Micmac, "un parmi les 512 arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents de M. Noël", et avec Marie Micmac, "un des 4096 arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents de M. Noël"», peut-on lire dans le jugement.

Pas couvert par une entente

«De plus, même s’ils étaient considérés comme Micmacs, les prétentions des défendeurs sont sans fondement et vouées à l’échec», a fait valoir le juge Jacques Ladouceur.

Invoquant la jurisprudence, il a rappelé que les droits constitutionnels des autochtones, qu’ils soient ancestraux ou issus de traités, sont en effet spécifiques à des territoires particuliers. Les défendeurs devaient donc démontrer que le territoire de chasse historique des Micmacs, un peuple traditionnellement rattaché à l’Acadie, ou celui protégé par les traités des années 1700 qu’ils invoquaient comprenait l’endroit où les infractions qui leur sont reprochées ont été commises, soit en Abitibi.

«L’avis ne contient aucune allégation à ce sujet, a martelé le juge Ladouceur. Les traités invoqués par les défendeurs ont été convenus entre les Micmacs et les autorités militaires et civiles des colonies britanniques de la Nouvelle-Écosse et, initialement, du Massachussetts. Bref, il est clair et évident que l’Abitibi n’est pas comprise dans le territoire prétendument protégé. L’exercice auquel les défendeurs demandent à la Cour de se livrer est donc manifestement vain.»

En hommage à un bâtisseur de mines

Localisé dans le quartier Destor, à l’intersection du rang du Parc et du chemin des Défricheurs, près de l’entrée ouest du Parc national d’Aiguebelle, Davangus désignait une gare construite en 1932 sur la ligne qui reliait Taschereau à Noranda. Un embranchement ferroviaire permettait de rejoindre la mine Beattie de Duparquet.

D’abord nommée Bégomi, acronyme de Beattie Gold Mines, l’agglomération a par la suite pris le nom de Davangus en hommage à Dave Angus, un des prospecteurs responsables de la découverte du gisement d’or de Duparquet.

Les premiers colons sont venus s’installer en 1935, dans le cadre du Plan Vautrin, pour y fonder la paroisse Saint-François-de-Sales-de-Destor. La population était alors répartie en trois groupements: Davangus, Destor et Reneault. Ce n’est toutefois qu’en 1981 que ceux-ci ont été officiellement regroupés en municipalité.

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