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25 janvier 2017

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

«Un récit d’horreurs et une tempête de violence»

Steve Rodrigue plaide coupable à une tentative de meurtre sur son ex-conjointe

©Photo tirée de Facebook

«Vous avez causé un carnage considérable dans la vie d’une personne que vous aimiez. Vous avez décidé que la dignité de sa vie ne valait rien et que sa vie dépendait de la vôtre.»

C’est en ces termes que le juge Louis A. Legault, le 25 janvier, a condamné Steve Rodrigue, 45 ans, à cinq ans de détention après que ce dernier eût plaidé coupable à six chefs d’accusation rattachés à de la violence conjugale, soit une tentative de meurtre par strangulation, une séquestration, deux voies de fait et deux menaces de causer la mort ou des lésions corporelles. L’accusé était représenté par Me Claude Boulianne.

La goutte qui fait déborder le vase

Tel que l’a relaté la procureure de la Couronne, Me Michèle Lacasse, la victime a vécu une véritable histoire d’horreur.

Tout a commencé le 11 juin 2016. Lors d’un spectacle, la victime était allée fumer à l’extérieur en compagnie du frère de l’accusé. Rodrigue, qui était alors intoxiqué par l’alcool, a d’abord insulté sa conjointe, pour ensuite invectiver son frère, le pousser, puis lui asséner un coup de poing. «C’est après cet événement que la victime a décidé de quitter l’accusé, après cinq ans de vie commune ponctuée de hauts et de bas», a précisé Me Lacasse.

Le 19 juin, prétextant un mal de dents terrible au point où il crachait du sang, Rodrigue a envoyé plusieurs messages pour lui demander de l’aider. Cette dernière a finalement accepté. «Lorsqu’elle est arrivée sur les lieux, à la fin de la journée, elle a constaté que Monsieur n’allait pas si mal et qu’il était intoxiqué par l’alcool. C’était en fait un guet-apens», a mentionné la procureure de la Couronne.

Un guet-apens qui aurait pu être fatal

Le couple a consacré au moins deux heures à discuter de sa situation, mais sans succès. Après l’insistance de Rodrigue, la victime a accepté de rester sur les lieux pour la nuit. Pendant la nuit, ils ont à nouveau tenté de discuter, mais toujours sans succès.

Au matin, une dispute a éclaté. «Monsieur, qui était toujours sous l’emprise de l’alcool, voulait la vérité: SA vérité. Il croyait – à tort – que Madame le trompait avec son frère», a indiqué Me Michèle Lacasse. La victime a alors tenté de partir, mais Rodrigue s’est interposé en la menaçant de s’en prendre à un nourrisson.

De retour dans la maison, Rodrigue a asséné plusieurs gifles et coups de poing à la victime, aussi bien à la tête qu’au ventre, et l’a projetée à quelques reprises contre les murs, de manière suffisamment forte pour y creuser un trou. «Il a ensuite appuyé son bras sur la gorge de la victime afin de la suffoquer. Cette dernière s’est défendue en le mordant», a fait savoir Me Lacasse.

Rodrigue a alors repris ses insultes pour ensuite recommencer à frapper la victime. Puis, il a voulu la traîner dans une chambre en déclarant qu’«on n’en sortira pas».

Vous pensiez avoir un titre de propriété sur Madame, mais ce titre n’existe pas -Le juge Louis A. Legault

Il voulait la faire souffrir avant de la tuer

La victime a alors demandé à aller aux toilettes. Rodrigue était avec elle, mais elle a profité d’un moment d’inattention pour loger un appel au 911 et camoufler l’appareil. Lorsque Rodrigue l’a découvert, il s’est remis à battre sa conjointe et a tenté de l’étrangler avec ses deux mains en criant que «c’est fini pour toi, et même si la police m’arrête avant, ça va être tellement long avant que j’aie un procès que je vais te retrouver et te tuer».

C’est à ce moment que la victime a perdu connaissance. Pendant ce temps, Rodrigue est allé manipuler trois armes à feu. Celles-ci étaient cependant verrouillées. Lorsque la victime a repris conscience, Rodrigue la surplombait avec un couteau à steak doté d’une lame de 11 centimètres. «Il a alors déclaré à la victime que personne ne s’en sortirait et qu’il voulait la faire souffrir avant de la tuer», a souligné Me Michèle Lacasse.

Voulant gagner du temps, la victime a demandé à Rodrigue de boire une dernière bière. À ce moment, les policiers sont arrivés sur les lieux et ont arrêté l’accusé. Dans la voiture, celui-ci a déclaré «j’aurais dû le faire».

L’accusé demande pardon

Invité à prendre la parole avant le prononcé de la sentence, Rodrigue a demandé pardon à la victime. «Mais je ne sais que ça ne donnera rien, a-t-il glissé entre deux sanglots. On se dit toujours qu’on veut arrêter, mais on n’y arrive pas. Là, je vais payer pour ce que j’ai fait.»

«Tempête de violence»

Dans une longue diatribe, le juge Louis A. Legault a multiplié les réprimandes à l’endroit de Rodrigue, notant comme facteur aggravant la brutalité des gestes, la préméditation pour les gestes posés dans le deuxième et dernier acte ainsi que l’intimidation extrême à l’endroit de la victime.

«Ce récit d’horreurs, cette tempête de violence, ils auront des conséquences durables pour la victime, a-t-il évoqué. Heureusement, cette dernière n’a pas eu de séquelles physiques. Par contre, les conséquences psychologiques ne s’effaceront pas. Par vos gestes et vos paroles, vous aviez bien fait comprendre à Madame que sa dernière heure était venue. Quant à la menace de vous en prendre à un bébé, celle-ci était particulièrement odieuse. Vous avez installé une crainte qui ne peut s’effacer.»

Le juge Legault a également admonesté Rodrigue sur sa jalousie. «Vous pensiez avoir un titre de propriété sur Madame, mais ce titre n’existe pas, a-t-il signalé. Cette jalousie morbide vous appartient et vous l’avez nourrie. À cause d’elle, rien ne pouvait vous faire comprendre autre chose que votre colère. Avec votre instinct prédateur, il n’y avait pas d’autre issue possible.»

Conforme à la jurisprudence

Me Claude Boulianne et Me Michèle Lacasse ont proposé en commun une peine de cinq ans de prison pour Rodrigue. «Je me serais accommodé d’une recommandation plus sévère, mais il s’agit d’une suggestion raisonnable, conforme à la jurisprudence», a déclaré le juge Louis A. Legault.

Étant donné que Rodrigue était gardé en détention préventive depuis son arrestation et que ce temps a été calculé à taux et demi, il lui reste 1495 jours à purger derrière les barreaux, soit l’équivalent de quatre ans et un mois. Il lui est également interdit d’entrer en contact avec les victimes et de posséder des armes. Il devra aussi fournir un échantillon de son ADN.

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