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05 juillet 2017

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

L’incinérateur toujours sur la glace après huit ans de tentatives de la MRC

©TC Media - Lucie Charest

Après deux récents appels d’offres infructueux pour implanter un incinérateur au Témiscamingue, le préfet Arnaud Warolin cherche encore des pistes de solution pour réduire le volume des matières résiduelles transportées à Rouyn-Noranda.

Lorsqu’il a annoncé aux maires en mai que la seule soumission déposée à la suite du second appel d’offres pour implanter un incinérateur n’était pas conforme, dépassant du double les estimés de 7 M$, la déception se lisait sur son visage.
«C’est sûr que c’est décevant, a-t-il relaté après coup. Mais ce sont des choses qui sont hors de notre contrôle. Par contre, le projet n’est pas fini pour autant. Nous revoyons les stratégies. La complexité de notre situation n’aide pas, nous sommes une petite MRC, avec de petits volumes, mais aussi avec un territoire immense et peu d’utilisateurs possibles de l’énergie générée. Notre projet était novateur, mais il comportait également un risque technologique pour nos potentiels partenaires locaux.»
L’objectif ultime dans ce projet d’implantation d’un incinérateur demeure d’abaisser la facture du contribuable. Transporter les matières résiduelles au lieu d’enfouissement technique à Rouyn-Noranda gruge aux alentours de 900 000 $ par année dans le budget de la MRC, estimé à 8,8 M$ en 2017.
Or, la seule soumission reçue tournait autour de 15 M$, ce qui équivalait à un retour sur l’investissement échelonné sur 70 ans, selon le préfet Warolin. «La seule décision que les élus pouvaient prendre était de ne pas aller plus avant en ce sens, a-t-il noté. Le projet dans cette forme n’était pas rentable.»
Autres alternatives
Comme il n’y a pas d’expertise actuellement au Québec pour produire la technologie qui serait appropriée aux petits volumes du Témiscamingue, les recherches se tournent vers d’autres façons de réduire ces volumes pour diminuer les coûts liés à l’enfouissement.
«Nous avons une interdiction d’exporter les déchets hors Québec, a rappelé M. Warolin. S’ils sont transformés, ils pourraient éventuellement traverser la frontière et être utiles à des industriels de l’autre côté. Mais là, il faudrait faire des études, nous sommes encore dans la prospective. Il reste deux possibilités : réduire le volume des déchets ou trouver avec le gouvernement une autre façon de faire un incinérateur.»
Chemin parcouru
Au-delà de la déception de ne pas avoir vu la phase III, ou incinérateur, se concrétiser, le préfet Warolin est tout de même plus que satisfait du chemin parcouru au fil de ses deux mandats. «Nous sommes partis de derniers au Québec à avoir fermé nos dépôts en tranchées, à cinquièmes aujourd’hui au niveau de notre performance en gestion de matières résiduelles», s’est-il réjoui.
Uniquement l’an passé, le préfet estime à près de 200 000 $ les sommes économisées en enfouissement, grâce aux 1300 tonnes de compost qui ne sont plus dans les matières résiduelles. «Nous pourrions encore doubler ce volume, a-t-il poursuivi. Le recyclage va aussi très bien, nous en avons produit 1700 tonnes l’an passé. Mais il nous reste quand même 6000 tonnes de déchets, c’est trop. Tant que nous n’aurons pas abaissé ce volume, nous resterons handicapés au niveau financier.»

Nous sommes partis de derniers au Québec à avoir fermé nos dépôts en tranchées, à cinquièmes aujourd’hui au niveau de notre performance en gestion de matières résiduelles -Arnaud Warolin

Quelques faits saillants
2005 Le ministère de l’Environnement prévient la MRC qu’elle devra se conformer à la nouvelle Loi et fermer ses dépotoirs en tranchées avant la fin janvier 2009. Il en coûterait 3 M$ pour aménager un lieu d’enfouissement réglementaire. La MRC envisage de créer des dépotoirs en tranchée nouvelle génération.
2006 La MRC met sur pied une délégation de compétence où elle gérera les matières résiduelles en lieu et place des municipalités.
2007  Le Conseil des maires adopte un règlement de 338 000 $ pour aménager un écocentre. Début du recyclage.
2008  Le budget de la MRC pour les matières résiduelles et le recyclage double, passant de 928 000 $ à 2 M$ pour l’année 2009 incluant le transport des matières résiduelles vers Rouyn-Noranda.
Janvier 2009 La MRC obtient une dérogation et n’envoie pas ses matières résiduelles à Rouyn-Noranda. La construction de l’écocentre est reportée. La plus basse soumission proposée lors de l’appel d’offres était de 700 000 $, le double de ce qui avait été estimé, soit 338 000 $.
Avril 2009 La firme de consultants Éccoflamme, dont le président est Claude Brisson et le vice-président Arnaud Warolin, présente au Conseil des maires un projet de valorisation énergétique qui nécessiterait un investissement de 3 M$ à 5M$ et créerait 4 à 5 emplois. Les maires octroient 35 200 $ à la firme pour réaliser une étude de validation de procédé.
Décembre 2009 À la suite de l’élection de 10 nouveaux maires et du préfet Arnaud Warolin, il est convenu de maintenir quatre dépotoirs en tranchées pour l’ensemble du territoire, malgré leur illégalité.
Février 2011 Début d’une enquête du ministère du Développement durable de l’Environnement et des Parcs sur les dépotoirs illégaux. Des constats d’infraction sont dressés trois mois plus tard.
Septembre 2011 Début du transport des matières résiduelles vers Rouyn-Noranda.
Décembre 2011 Début du compostage.
Janvier 2013 Mise en place de la table de tri à l’écocentre au coût approximatif de 200 000 $, création de 12 emplois. Projet d’incinérateur mis sur la glace à cause du trop faible volume de déchets.
Juin 2013  La firme Normex fournit un rapport sur la possibilité de développer un incinérateur.
Fin 2013 Fermeture de la table de tri à l’écocentre de Fabre, réorientation du recyclage vers Tricentris en Outaouais.
Avril 2014 La juge Josée Bélanger condamne la MRC de Témiscamingue à payer 128 000 $ pour avoir maintenu des dépotoirs illégaux pendant deux ans.
Mai 2014 Les maires autorisent un budget de 17 000 $ pour une mission exploratoire en Suède et en France afin d’évaluer la possibilité d’implanter un incinérateur pour valoriser les matières résiduelles.
Décembre 2014 Le Conseil des maires mandate une firme d’ingénieurs pour évaluer trois sites potentiels où implanter l’incinérateur en partenariat. Pas moins de 82 863 $ ont été déboursés en 2013 et 2014 pour diverses études et mission dans ce dossier.
Mai 2017 Un 2e appel d’offres non concluant pour l’implantation de l’incinérateur force le Conseil des maires à revoir son approche et à envisager d’autres possibilités pour la gestion des matières résiduelles.
 

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