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26 mai 2017

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

Québec fournira des bombonnes d’eau potable aux résidents d’Angliers

«J’ai eu l’impression d’être revenu en Afrique» - Denis Lampron

©TC Media - Lucie Charest

Un investissement de 45 000 $ puisé dans le Fonds conjoncturel de développement, auquel s’ajoute 19 000 $ provenant de l’enveloppe discrétionnaire du député-ministre Luc Blanchette, permettra à chaque résident du village de s’approvisionner en eau potable à raison d’une bombonne par semaine.

«Je tiens à ce que les personnes touchées par ce problème qui perdure depuis près de 20 ans sachent que nous travaillons activement à trouver une solution pour remédier à leur problème de façon définitive, a déclaré le ministre Blanchette au Marché Léane, situé au cœur du village d’Angliers. Cette mesure temporaire d’une durée de deux ans, nous l’espérons, permettra d’améliorer la qualité de vie des citoyens du village.»
Il a par la suite rappelé la complexité des travaux comprenant quatre volets, soit l’aqueduc, le traitement des eaux, les égouts et le traitement des eaux usées, dont les coûts estimés à 11 M$ ont subitement bondi à 20 M$ l’an passé. «Nous cherchons des solutions pour optimiser le projet et rabaisser les coûts au même niveau que ceux effectués sur la Côte-Nord pour environ 14 M$», a-t-il poursuivi.
Entre gratitude, déception et colère
La mairesse, Lyna Pine, a accueilli la nouvelle avec grâce, tout en exprimant avec retenue sa déception de ne pas avoir été en mesure de régler ce dossier pendant ses deux mandats de quatre ans à la mairie. «Nous aurions aimé quelque chose de permanent, a-elle souligné, mais cela aidera à patienter. Notre dossier est tellement complexe. L’important est qu’on continue d’y travailler.»
Daniel Bernêche, un résident du village en avait gros sur le cœur. Pour lui, ça a pris 20 ans avant que le Gouvernement pense à leur apporter de l’eau potable. Alors qu’il voit régulièrement l’armée débarquer dans des zones sinistrées pour donner de l’eau potable aux gens éprouvés. «Nous sommes parmi les plus taxés au Québec, et en plus nous avons une surtaxe de 100 $ par mois pour se payer un système de purification individuel de notre eau, a-t-il déploré. C’est stupide tout ça. Nous payons des études, des études, nous nous sommes arrangés seuls pendant 20 ans avec notre eau. On est rendus loin là. C’est stupide.»
Selon la mairesse, Lyna Pine, au fil du temps, au moins 650 000 $ ont été consacrés à différentes études et plans et devis qui n’ont conduit à aucune concrétisation. «On n’a pas tout payé tout seuls, le gouvernement nous a aidé, mais c’est quand même beaucoup d’argent», a-t-elle déploré. En effectuant un calcul rapide, il a été permis de constater que la part financière de 5 % que la municipalité devrait assumer dans le cadre d’un chantier de 14 M$ équivaudrait à 750 000 $.
Selon la mairesse Pine, plus d’une dizaine de propriétaires de résidences se sont dotés d’un système privé de filtration de l’eau pour une somme qui peut varier de 8000 $ à 10 000 $, au cours des dernières années., C’est le cas de Karie Bernêche. «Des bouteilles d’eau ça s’achète, mais prendre un bain dans de l’eau claire, ça n’a pas de prix, a-t-elle avoué. Je ne regrette pas mon investissement. Malheureusement, ce n’est pas tout le monde dans le village qui peut s’acheter ce système.»

©TC Media - Lucie Charest

Luc Blanchette était accompagné de la mairesse Lyna Pine et du préfet Arnaud Warolin lors de son annonce de 64 000 $ pour alimenter les résidents d’Angliers en eau potable.

Notre dossier est tellement complexe. L’important est qu’on continue d’y travailler. -Lyna Pine

«J’ai eu l’impression d’être revenu en Afrique» - Denis Lampron
Alors que tous les dignitaires avaient quitté le Marché Léane où s’est fait l’annonce officielle le 26 mai, Denis Lampron est arrivé avec son enveloppe de coupons pour se procurer son eau. M. Lampron est mécanicien industriel, il a travaillé en Afrique pendant plusieurs années. Il avait été forcé de quitter subrepticement le Mali lors du coup d’État à Bamako en avril 2012. «Ce matin, quand j’ai eu mes coupons, je n’en revenais pas, a-t-il confié. Je n’aurais jamais cru vivre une pareille affaire dans mon village natal. J’ai eu l’impression d’être retombé en Afrique, quand nous voyions les gens de là-bas faire la file devant le puits du village pour avoir leur ration d’eau. Heye! On est à Angliers, au Canada, en 2017!»
 

©TC Media - Lucie Charest

La différence entre l’eau filtrée et l’eau jaunâtre qui sort directement de l’aqueduc est on ne peut plus éloquente.

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