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02 mars 2017

Thierry de Noncourt - tdenoncourt@lexismedia.ca

Témiscamingue: «Un sondage sans valeur scientifique»

©Photo TC Media – Archives/Lucie Charest

La MRC de Témiscamingue a mené un sondage auprès de sa population afin de guider la réflexion des élus et des citoyens sur l’éventualité de fusions municipales ou de regroupements de services. Toutefois, la méthodologie et la valeur de cette consultation ont été remises en cause.

Le 28 février, la MRC émettait un communiqué de presse revenant sur les résultats (voir ci-dessous) de ce sondage, dont la période de réponse se terminait à la fin du mois de septembre 2016. L’organisme concluait que «la synthèse des résultats (…) nous permet de tirer de grands constats qui orienteront certainement les municipalités vers des décisions éclairées.»

Si l’objectif de la consultation était louable, la méthode utilisée pour mener ce sondage serait discutable. En effet, le sondage recèlerait certaines faiblesses selon Caroline Roy, vice-présidente, bureau de Québec de la firme de sondage Léger. «On ne peut pas y attribuer de valeur scientifique. Ce n’est pas le genre de sondage que l’on pourrait défendre en cour », a souligné l’experte.

Questions maladroites, indications à la limite tendancieuses, Mme Roy a relevé de nombreuses lacunes ayant pu induire les Témiscamiens en erreur, ou du moins, leur faire répondre d’une manière prédéterminé. Selon l’experte, le questionnaire semblait servir un agenda politique. Le sondage ne fait pas apparaitre les fusions municipales sous un beau jour, bien au contraire.

«D’entrée de jeu, on demande : "  Selon vous; la population de votre municipalité est-elle prête à une fusion? " On demande à un citoyen de donner son opinion sur ce que pensent les autres citoyens. Nous, on ne demande jamais aux gens de se prononcer pour quelqu’un d’autre», a-t-elle souligné.

Des notes au lecteur, en préambule de certains blocs de questions, portent également à confusion. Alors que l’un des objectif était de connaître l’intérêt de citoyens vis-à-vis les fusions ou le regroupement de services, on semble, dans le questionnaire, favoriser le regroupement de services. Par exemple, dans la première note au lecteur, on lit : « Une fusion municipale désigne une annexion entre deux municipalités (…)», tandis que dans la seconde, on lit : « Un regroupement de services est un mécanisme souple et efficace … », la différence de ton est flagrante.

Mme Roy a aussi souligné des questions qui posaient problème, comme la 18, qui se lit comme suit : «  Selon vous, la révision de la structure et/ou son fonctionnement au sein de votre municipalité viendront-ils freiner la décroissance démographique? » « Si vous comprenez, veuillez m’expliquer », a-t-elle dit en riant.

« Il y a des éléments qui sont biens faits, mais d’autres où c’est vraiment très questionnable. Moi, je n’y aurais pas apposé mon sceau », a déclaré Caroline Roy.

Orienter l’avenir

Arnaud Warolin, préfet de la MRC le reconnait, « On l’a dit clairement, c’est un sondage sans valeur scientifique. C’est une indication pour aller de l’avant, dans une direction ou une autre. »

Il s’est désolé de ne pas avoir eu les moyens financiers de faire appel à une firme de sondage professionnelle. « On fait avec les moyens du bord. »

M. Warolin soutient que la MRC n’avait aucune visée politique dans ce dossier. « Notre but était de faire l’étude et de la remettre à chaque municipalités avec une fiche et ses résultats. La MRC ne s’impliquera en aucun cas dans des discussions sur les fusions. Ça relève des municipalités », s’est défendu M. Warolin.

Méthodologie

Selon les chiffres de la MRC, la population s’élève à 15 296 personnes, de ce nombre, 1 153 auraient répondu au sondage, soit 8% de la population totale. Il s’agit d’un nombre étonnamment important selon Caroline Roy. Un échantillon de 1000 répondants, serait suffisant pour évaluer les tendances à l’échelle du Québec.

Le sondage a été distribué physiquement à toutes les adresses de la MRC et a été disponible durant quatre mois en ligne. M. Warolin soutient que les citoyens n’ont pas pu répondre plus d’une fois. « Nous les avons repassés un par un pour voir s’il n’y avait pas de doublons. Par contre, il y a des gens qui ont répondu en famille, ce qui fait que l’on a eu beaucoup moins de réponses que l’on aurait pu espérer », a-t-il dit.

Les jeunes ont peu participé au sondage. La catégorie des 18 à 24 ans ne représentait que 3% des répondants, parce qu’ils auraient répondu en famille, selon le préfet.

Le sondage a été préparé par le Lyne Gironne, directrice générale de la MRC.

Résultats du sondage

47%

N’ont pas d’intérêt pour les fusions

51%

Pensent que la population n’est pas prête

60%

Sont intéressés par de nouveaux services en commun entre municipalités

73%

Pensent que les regroupements de services sont souhaitables

72%

Pensent que leur municipalité doit tenir une consultation publique dans l’exercice de révision des services

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