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01 juillet 2017

Lucie Charest - lcharest@medialo.ca

Des débris de toutes sortes à l’entrée d’eau d’Angliers

©Photo gracieusete

Au plus fort des travaux de réfection du barrage d’Angliers, un citoyen a avoué avoir eu un haut-le-cœur lorsqu’il a constaté que des débris industriels s’accumulaient à l’endroit même de la prise d’eau du petit village de 284 habitants. Sa première réaction a été d’en ramasser le plus possible pour libérer l’entrée d’eau.

On n’a pas assez de ne pas avoir d’eau potable depuis plus de 20 ans, il faut maintenant que des débris industriels viennent salir l’eau qu’on prend pour se laver. -Denis Lampron

L’homme, qui préfère conserver l’anonymat, soutient avoir extirpé des eaux suffisamment de débris pour remplir son bateau à moteur à au moins sept reprises. Il a pris des photos dont le Journal a obtenu copie. Ces photos avaient été transmises à la municipalité et au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques (MDDELCC).
Denis Lampron, un autre résident d’Angliers, a été témoin du «bénévolat» de son concitoyen pour nettoyer les berges du réservoir des Quinze. Il n’a pas hésité à s’ouvrir le cœur. «Ça n’a pas de sacré bon sens, s’est-il révolté. On n’a pas assez de ne pas avoir d’eau potable depuis plus de 20 ans, il faut maintenant que des débris industriels viennent salir l’eau qu’on prend pour se laver.»
La municipalité intervient
La situation avait semblé si inquiétante que le Conseil municipal a adopté, en juillet 2016, une résolution transmise à EBC, firme de construction active dans les secteurs du bâtiment, du génie civil et des mines. EBC est actuellement sous contrat avec le Centre d’expertise hydrique du Québec (CEHQ) pour la restauration du barrage d’Angliers.
La résolution du conseil rappelait à EBC que des matériaux s’étant retrouvés près de la prise d’eau pouvaient avoir des effets négatifs sur le système d’approvisionnement en eau du village. Le Conseil municipal exigeait que des mesures soient mises en place par EBC afin de protéger la prise d’eau et d’éviter que des matériaux liés aux travaux de réfection du barrage ne se retrouvent dans le réservoir des Quinze.
Cette résolution a été transmise en copie conforme au député ministre Luc Blanchette, au ministère des Affaires municipales, au CEHQ et au MDDELCC.
EBC n’est pas seul
À peine trois jours après avoir reçu la résolution du conseil d’Angliers, EBC a confirmé avoir entrepris des travaux de récupération des débris provenant de leur chantier de réfection du barrage. «Nous nous assurons actuellement de ramasser les débris pouvant être de la responsabilité d’EBC en aval du barrage des Quinze, a confirmé par courriel la chargée de projet, Isabelle Fortin. Il s’avère toutefois que de nombreux débris ne sont pas de la responsabilité d’EBC de par leur nature.»
Mme Fortin a affirmé que les employés d’EBC chargés de cette cueillette de débris avaient également trouvé des pneus, des bouées de protection de bateaux, des poteaux de bois, des accessoires de baignade, des débris de métal, des contenants d’eau de javel et même du maquillage pour enfants.
Joint pour commenter la situation, le vice-président finances chez EBC et porte-parole médias, Martin Houle, a reconnu que cette histoire ne s’était pas rendue jusqu’à son bureau, ce qui serait plutôt bon signe, car cela signifie qu’elle s’est conclue de façon correcte. «Je n’en ai pas entendu parler, mais je peux vous confirmer que chez EBC, tous les moyens sont mis en œuvre pour maintenir de très bonnes relations avec les différents partenaires et communautés impliqués dans nos travaux», a-t-il affirmé.
Mesures raisonnables
En ce sens, les actions mises de l’avant par EBC pour éviter que leurs débris se retrouvent dans le réservoir des Quinze ont semblé raisonnables à la municipalité d’Angliers. Il s’agit de tournées ponctuelles de vérification, mais aussi de mesures déjà en place dont entre autres un environnement de travail confiné, un batardeau en amont du pertuis et un en aval avec membrane étanche, un rideau de turbidité, le pompage dans les bassins de décantation.
«Cela nous convient, a indiqué Lyna Pine, mairesse d’Angliers. Des citoyens nous avaient parlé de leurs inquiétudes, nous avons pris nos responsabilités en demandant à EBC de remédier à la situation. Ce qu’ils ont fait. Cette année, nous n’avons pas reçu d’autres plaintes de citoyens. Tout semble effectivement rentré dans l’ordre. D’ailleurs, notre inspecteur municipal est en lien avec les responsables du chantier avec qui une bonne collaboration est établie.»
Au terme des échanges avec la municipalité, la chargée de projet d’EBC, Isabelle Fortin, avait demandé à la municipalité d’informer ceux qui avaient reçu la résolution en copie conforme que les mesures proposées étaient considérées raisonnables. «Il serait apprécié que l’information soit véhiculée, car nous devons maintenant régler ce volet avec certains d’entre eux, puisque des instances de l’ampleur du ministère de l’Environnement appliquent des sanctions pécuniaires importantes et doivent être mis au fait des mesures correctives et du suivi que l’entreprise a effectué», peut-on lire dans un courriel de Mme Fortin adressé à la municipalité le 12 août 2016.
L’Environnement tarde à valider ses informations
À la direction régionale du MDDELCC, on nous a confirmé que ce dossier était connu, sans toutefois avoir pu nous fournir un état de fait, et le cas échéant, un résumé de l’intervention du ministère. «Nous travaillons à trouver les réponses à vos questions, mais nous n’avons pas obtenu les validations requises pour vous transmettre les informations», a justifié Sophie Gauthier, agente d’information à la direction régionale dont les bureaux sont situés à Jonquière.
«À quoi vous vous attendiez, s’est insurgé Denis Lampron. L’Environnement et le Centre hydrique, ça relève du même ministre, ça marche main dans la main ce monde-là. Ils ne vont pas se taper sur les doigts les uns les autres.»
Un autre citoyen d’Angliers, qui travaille sur des chantiers majeurs et a exigé l’anonymat, a affirmé avoir servi de guide à un employé du Centre d’expertise hydrique et à un autre du ministère de l’Environnement à l’été 2016. «Ils étaient ensemble, ils ont pris plein de photos, ils en ont vu des saucisses de calfeutrage pis de la toile géotextile le long du réservoir, pis le long de la rivière. C’est pas ça qui manquait», a-t-il soutenu.
Tous les citoyens rencontrés admettent que la quantité de débris a diminué depuis l’an passé. Pour certains, cette diminution est due à la fin imminente des travaux de réfection du barrage; pour d’autres, l’aménagement d’un petit quai par EBC au pied du barrage où est attaché un bateau témoigne de l’effort consenti pour récupérer de façon ponctuelle les débris échappés. Un point fait toutefois l’unanimité chez les personnes rencontrées : le filtre de fortune aménagé pour protéger la prise d’eau du village des débris est d’avantage inquiétant que rassurant tant il se détériore à la vitesse grand V.
Après plusieurs jours d’attente, le ministère de l’Environnement a finalement confirmé que la direction régionale du Centre de contrôle environnemental du Ministère (CCEQ) avait émis en juillet 2016 un constat de non-conformité à EBC au sujet de débris trouvés sur une distance pouvant aller jusqu’à 6 km en aval du barrage, alors que la prise d’eau se trouve à 200 mètres du barrage. Les correctifs effectués par la suite par EBC ont entièrement satisfait le ministère.
 

©Photo gracieusete

Un citoyen d’Angliers affirme avoir rempli son bateau de débris à au moins sept reprises.

©Photo gracieuseté

Des employés d’EBC ont effectué plusieurs opérations de ramassage de débris.

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