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27 janvier 2017

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

L’épinette noire de l’Abitibi menacée par les changements climatiques

©TC Media - Archives/Patrick Rodrigue

Contrairement à ce qui est communément admis, le réchauffement et la hausse du CO2 dans l’atmosphère induits par les changements climatiques pourraient ne pas favoriser la croissance des arbres en milieu boréal. Dans le cas de l’épinette noire, une essence particulièrement prisée par les usines de l’Abitibi-Témiscamingue, il y aurait même un déclin.

Chercheur scientifique au Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada, Martin Girardin a analysé, en compagnie d’une douzaine de collègues dans quatre pays, la croissance de quelque 900 arbres de 19 essences différentes répartis sur 600 sites différents dans la forêt boréale canadienne. Pour ce faire, ils se sont basés sur les données météorologiques et l’Inventaire forestier national du Canada pour la période de 1950 à 2002.

Plus de chaleur, mais pas plus d’eau

La cartographie qui a résulté de ce travail titanesque démontre que si la Côte Ouest, les Prairies, le sud du Québec et Terre-Neuve ont bénéficié des changements climatiques, il en va tout autrement pour l’Ontario, le nord-ouest du Québec et les Maritimes. Un des pires portraits se dessine en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-Est ontarien.

«On s’attendait à une augmentation importante de la croissance et ça n’a pas du tout été le cas, a indiqué M. Girardin. Le problème, c’est que dans ces régions, la hausse des températures ne s’est pas accompagnée d’une hausse des précipitations. Il y a aussi plus de canicules. Or, les arbres sont très sensibles à la sécheresse. Moins il y a d’eau, plus la croissance est lente.»

Ce déclin affecte notamment le pin gris et le cèdre, mais c’est l’épinette noire qui en fait le plus les frais. «Comme ses racines sont très superficielles et qu’elles ne plongent pas profondément dans le sol, dès qu’il y a une canicule, elle subit un déficit en eau», a expliqué le chercheur scientifique.

Trois scénarios à étudier          

Martin Girardin refuse cependant de se faire l’apôtre du catastrophisme: le couvert forestier de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-Est ontarien ne fera pas place à un désert ou une savane. Par contre, sa composition risque de se modifier. «Comme la croissance des essences plus nordiques se ralentit, ces dernières sont progressivement remplacées par des essences feuillues», a-t-il mentionné.

Selon le chercheur scientifique, cette transformation devra donner lieu à une réflexion sur l’aménagement forestier. Trois scénarios pourraient alors être étudiés.

«On devra examiner s’il vaut la peine d’améliorer les essences affectées comme l’épinette noire et le pin gris pour qu’elles affichent une meilleure résistance à la chaleur. Il faudra aussi voir si on réaménage les forêts afin de réduire les risques d’incendie et accroître l’apport en eau. Enfin, on pourra opter pour le développement des essences émergentes, lesquelles sont actuellement boudées par l’industrie en raison du manque de débouchés», a exposé M. Girardin.

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